Résumé : Azzedine a appelé son oncle pour le mettre au courant et lui dire combien il est désolé. Il regrette de s'en être pris à Lyès. Hadja Taos a entendu la discussion et se presse d'aller rassurer Lynda. Elle trouve cette dernière en train de pleurer. Lynda n'en peut plus. Elle voudrait se confier à elle... - Que s'est-il passé hier soir ? l'interroge Hadja Taos, consciente de ne pas tout savoir et que c'est bien plus grave qu'elle ne l'a cru. Raconte-moi ! Comment Azzedine peut-il avoir gâché ta vie puisqu'il a seulement voulu défendre l'honneur de la famille ? - Oui, mais moi, j'ai tout perdu, insiste la jeune fille. Est-ce que tu peux comprendre que ma vie est finie ? - Mais comment pourrais-je comprendre ? rétorque la grand-mère en allant vérifier que la porte est bien fermée, pour que personne ne puisse les entendre. Est-ce qu'il s'en est aussi pris à toi ? - Oui, il... Il m'a effrayée grand-mère, j'ai eu la peur de ma vie. Il faut le voir pour y croire ! Il a battu Lyès comme s'il en dépendait pour sa vie. J'avais peur d'être la prochaine qu'il corrigerait, alors je me suis enfuie ! - Pour rentrer à la cité ? l'interroge-t-elle. C'était à quel moment de la journée ? - La nuit, il était plus de dix heures du soir. J'espérais tomber sur un taxi. Il n'y avait plus de taxi, ajoute-t-elle. Alors, j'ai dû marcher ! - Jusqu'à la cité ? - Non, j'aurais dû. Je ne serais pas tombée sur lui, grand-mère ! lui confie-t-elle. Il m'a violée. - Violée, reprend Hadja Taos. Par Azzedine ? - Non. - C'est Lyès, alors ? Quand Lynda secoue la tête, la grand-mère porte les mains à sa poitrine, choquée par la nouvelle. - Si ce n'est pas par ton cousin, si ce n'est pas par Lyès, qui est-ce ? lui demande-t-elle, le souffle court. - Je ne sais pas, murmure Lynda. Il m'a prise en voiture pour me déposer à Ben Aknoun. C'est ce que je croyais. Il en a profité pour... pour abuser de moi. - Mon Dieu ! Qu'est-ce que tu vas faire ? Pourras-tu au moins le reconnaître ? Te souviens-tu de la marque de la voiture ? lui demande la grand-mère qui veut parler de l'immatriculation. On pourra le retrouver avec, espère-t-elle. Il ne doit pas s'en tirer comme ça ! Dis-moi, rassure-moi, tu as bien quelques renseignements à donner à ta famille et à la police ? - Hélas non ! Si j'avais su qu'il allait abuser de moi, je ne serais pas montée dans sa voiture ! Je n'aurais pas mis ma vie en danger ! Hadja Taos se sent mal. Elle étouffe. Lynda doit se lever pour la maintenir. Elle appelle ses parents, paniquant à l'idée que sa grand-mère puisse faire une crise cardiaque. - Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Il y a un moment, elle était bien, dit Abdenour, qu'est-ce que tu lui as dis qui l'ait bouleversée ? - Rien, ment Lynda. On parlait de tout... Ils l'étendent sur le lit puis vont chercher le médecin du village. Ce dernier examine Hadja Taos et les rassure. Elle s'est seulement évanouie. - Elle va revenir à elle.Seulement, il faudra éviter de la stresser. Les fortes émotions ne sont pas faites pour elle. Elle n'est plus jeune, leur rappelle-t-il. Il faut aussi éviter de la contrarier. - Nous n'avons aucun problème, lui affirme Abdenour en regardant Lynda. Enfin, pas que je sache. Il raccompagne le médecin chez lui. Hadja Taos revient à elle, pendant ce temps. Ourida, sa belle-fille et mère de Lynda, est aussi à son chevet. Hadja Taos tend la main à sa petite fille. Elle veut l'avoir près d'elle. Elles pleurent ensemble. Ourida est intriguée mais elle sent que l'heure est grave. Il s'est passé quelque chose. Hadja Taos n'attend pas ses questions pour la mettre dans la confidence. A son tour, Ourida manque de se trouver mal mais la peur d'être surprise par son mari ou par ses fils lui donne du courage. Elle est aussi pâle que morte mais elle est debout. - Il ne faut pas qu'ils sachent. Les garçons seront impitoyables avec elle, dit-elle. Cela doit être un secret entre nous trois ! Est-ce clair ? - Oui, mais il faudra la surveiller, murmure Hadja Taos. Durant les semaines à venir, elle restera ici. - Pourquoi, veut savoir Ourida. Et s'ils finissent par se douter de quelque chose ? - On n'a pas le choix, insiste la grand-mère. Tu n'y penses pas mais elle pourrait être enceinte. Le dernier mot lui coupe le souffle. Elle a pensé qu'il n'allait rien arriver de pire. Sa belle-mère vient de lui rappeler que le pire est peut-être pour les semaines à venir. Elles allaient vivre dans l'angoisse pendant tout ce temps à l'insu du reste de la famille. (À suivre) A. K.