La coulée de boue, qui avait menacé au mois de mai dernier la paisible localité d'Illilten, dans la daïra d'Iferhounène, à 70 km au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, a encore refait son apparition dans la nuit de vendredi à samedi, puisque, selon des villageois d'Aït Aïssa Ouyahia, un village exposé à ce danger, d'énormes quantités de boue, charriant d'importantes quantités de roches et de limon, ont dévalé depuis la montagne, jusqu'au pied d'Azrou n'Thor, emportant tout sur leur passage. Les habitants, conscients du danger, sont désemparés face à cette situation qui se répète après quelques mois d'accalmie. En mai dernier, les habitants du chef-lieu et plusieurs habitations du village Aït-Aïssa-Ouyahia ont été évacués en urgence à cause de ce glissement de terrain. Durant plus d'une semaine, ces habitants étaient confrontés à un danger imminent, jamais observé dans la localité, face à toute une montagne qui “se démantelait" progressivement, suscitant peur et angoisse d'une population livrée à elle-même et affolée par l'ampleur du phénomène. Sans aucune aide, du moins dans l'immédiat, la population est contrainte d'organiser elle-même les évacuations d'urgence vers d'autres villages limitrophes, situés sur les hauteurs, et donc moins exposés. Hier matin, le pont qui relie cette commune à la wilaya de Béjaïa, au niveau du CW253, était obstrué par une énorme quantité de roches, témoignent des habitants. Ce qui a nécessité la mobilisation dans l'urgence d'engins de travaux publics pour dégager la voie et permettre au limon de passer et d'éviter une éventuelle fermeture de ce passage. Les entreprises engagées depuis le mois de mai dernier, dans l'élargissement du lit de la rivière qui traverse le chef-lieu de la commune, dont l'itinéraire est emprunté par la coulée de boue, semblent impuissantes face à l'importance du chantier et à la complexité des travaux. En effet, les travaux lancés afin de parer à ce glissement restent encore inachevés, ce qui n'écarte pas le danger. Hier, les premières digues en béton ont été installées au chef-lieu, dans le but de parer à toute éventualité. La population locale craint déjà le pire, puisque, faut-il le signaler, le réfectoire du CEM menace de s'effondrer à tout moment à cause de ce glissement de terrain. À Illilten, le décor est affligeant. Des centaines de champs sont complètement rayés de la carte depuis l'apparition de ce phénomène. En haut de la montagne, un cratère de plus de 50 mètres de profondeur sur 200 mètres de largeur est formé par la force de la nature et dont le contenu dévale progressivement vers le chef-lieu. Hier dans la soirée, des coulées intermittentes étaient signalées, entraînant des roches et une grande quantité de pierres et de gravats. Les habitants ont décrété l'alerte et la nuit s'annonçait longue pour les riverains. K T