Dans la présentation de l'ouvrage , Arezki Idjerouidène, président d'Aigle Azur, met le doigt sur ce grain de sable qui fausse les discours en discordance avec les textes réglementaires, notamment le texte fondamental : la Constitution. Il cite l'article 37 de la Constitution, modifiée le 16 novembre 2008, qui stipule que “la liberté du commerce et de l'industrie est garantie". La réalité est tout autre. L'Algérie fait partie des rares pays où pour lancer un projet, il faut une autorisation même quand il n'y a pas de sollicitations auprès des institutions financières publiques, propriétés de l'Etat comme les hôtels. Ces entrepreneurs publics et privés sont presque logés à la même enseigne. Les premiers restent figés dans leur esprit d'initiative, car le moindre risque est lourdement payé sur le plan pénal. Pour les seconds, ils sont frappés de concupiscence avec l'administration. Et le dilemme est là. La susceptibilité est partout, chez les décideurs et à tous les niveaux : la peur de perdre son poste pour certains et plus grave pour les autres ; ils fonctionnent encore avec une mentalité formatée dans les années 1970. Résultat : des initiatives non abouties, non à cause de la viabilité du projet, ni des moyens financiers mis en œuvre, mais que, de guerre lasse, les porteurs sont obligés de jeter l'éponge pour se reconvertir dans l'importation de produits finis. Un marché juteux sans création d'emplois avec cependant, un retour sur l'enrichissement fulgurant. Cela a donné naissance à une Algérie des conteneurs et à l'éclosion d'un marché sans visibilité. À ce combat inégal où la suspicion et l'épée de Damoclès mènent le bal, l'esprit entrepreneurial a revu à la baisse ses ambitions dont celle d'être au service de l'économie nationale. Pour obtenir la moindre autorisation, décrocher le moindre marché, l'allégeance reste le laissez-passer incontournable. Cet ouvrage documenté de notre confrère d'El Watan, Nordine Grim, passe au peigne fin et au scalpel l'entreprise algérienne et son environnement, ses relations avec les pouvoirs publics, cette suspicion mal placée. L'auteur nous offre, à nous lecteurs, près de 200 pages de lecture et autant aux décideurs qui doivent, non seulement le lire, mais prendre conscience qu'il est temps de faire partager l'éclosion de l'Algérie de demain. Celle à léguer aux générations à venir. O. A Entrepreneurs, pouvoir et société en Algérie ; Nordine Grim ; 187 p ; Casbah Editions