La Cinémathèque algérienne -Musée du cinéma- a accueilli, mardi après-midi, les trois dernières projections de documentaires du Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au film engagé. La dernière soirée de la Cinémathèque était l'une des plus émouvantes. Les femmes étaient à l'honneur, et les documentaires évoquaient le combat de ces femmes durant la guerre de Libération nationale. “Moudjahidate", d'Alexandra Dols, retrace le parcours de plusieurs combattantes durant la guerre de Libération. Agents de liaison, infirmières ou poseuses de bombes, ces femmes racontent, dans le documentaire, leurs souvenirs et partagent leur expérience. Fatma Chebbah Abdelli, Zohra Drif-Bitat, Louisette Ighilahriz, Baya Outata Kollé, Baya Laribi Toumia ou Danièle Djamila Amrane-Minne ont toutes voulu partager leurs douloureux souvenirs. “La moudjahida et le parachutiste" est un film inédit. Un extrait d'une trentaine de minutes a été projeté pour la première fois en Algérie. Fort émouvant, réalisé par Mohamed Lallaoui, ce film a suscité beaucoup de réactions et n'a laissé personne indifférent. Il recueille le témoignage de deux personnages qui ont fait la guerre de Libération chacun de son côté et dans deux camps adverses. Louisette Ighilahriz, combattante algérienne, et Raymond Gloarec, militaire français dans une unité de parachutiste. Louisette Ighilahriz raconte son parcours, ses expériences les plus douloureuses, notamment les tortures qu'elle a subies. Le parachutiste, de son côté, a dénoncé ses actes (tortures, liquidations collectives) et les a regrettés, tout en utilisant un vocabulaire cru. Les mots “abattre, liquider, torturer" revenaient très souvent. Le réalisateur a expliqué l'importance de recueillir les témoignages des deux côtés, car “si on ne fait parler que ceux qui résistent et pour qui nous avons de l'admiration et de l'estime, nous ne serons pas crédible". Louisette Ighilahriz, présente lors de cette projection, a reçu une standing-ovation de toute l'assistance pour son témoignage et ce qu'elle a enduré. “Les 3 guerres de Madeleine Riffaud", de Philippe Rostan, était le troisième et dernier film de la soirée. En 94 minutes, le film retrace le parcours de Madeleine Riffaud, grande reporter de guerre française, qui s'est entièrement dévouée à la résistance sous toutes ses formes. Considérée comme la plus jeune résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a abattu un soldat nazi en plein cœur de Paris avant d'être torturée et condamnée à mort. Dans ce documentaire, on voit le parcours d'une grande dame, qui a été correspondante de guerre et reporter, notamment en Algérie. Madeleine, qui devait être présente pour cette soirée, puisqu'un hommage lui était prévu, n'a pu faire le déplacement pour des raisons de santé. “Elle est tombée amoureuse de l'Algérie et souhaitait la revoir après cinquante ans", a regretté le réalisateur. F Y N