La moudjahida et le parachutiste, un documentaire inédit de Mehdi Lallaloui faisant rencontrer deux témoignages atypiques de la guerre de libération nationale, a été projeté vendredi à Paris en présence du réalisateur. La moudjahida, Louisette Ighilahriz, et le parachutiste, Raymond Gloarec, avaient tous deux 20 ans lorsque qu'au milieu des années cinquante, la guerre d'Algérie les a opposés. L'un a combattu dans une unité parachutiste, pour, selon l'expression de l'époque " Maintenir l'ordre" et faire " La pacification", l'autre fut une combattante de l'ALN (Armée de Libération Nationale) rescapée des chambres de tortures après avoir été prise les armes à la main. Son combat, fut celui de la lutte d'indépendance. Le film (42') parle de la guerre, mais pas à la manière d'un historien. Lallaloui laisse le libre court à deux voix s'exprimant alternativement. D'un côté, un sous-officier de l'armée coloniale qui met tout sur la table : dénonciation de la torture, une "saloperie " imposée par des supérieurs sans scrupules. De l'autre, l'ancienne combattante Louisette Ighilahriz relatant son combat et le triste destin (torture) que lui infligèrent les militaires français. Pour le réalisateur, le propos est surtout de laisser d'exprimer des témoins clés de cette guerre." On a besoin que des gens pareils témoignent (...) il s'agit de parler de la guerre, pas de l'effleurer. L'évoquer, non pas comme un historien, mais à la manière d'un capteur de mémoires », a-t-il indiqué à l'APS. Pour le président de l'association Au Nom de la Mémoire, juxtaposer ces deux témoignages " n'est pas pour valoriser un parachutiste ou qui que ce soit ". "Moi je suis un cinéaste, je ne suis pas un psychanalyste (à), l'objectif est de faire parler des personnages pour livrer leurs témoignages", a-t-il insisté. A la question de savoir comment voit-il le rapport entre les groupes de mémoire sur lesquels il travaille depuis des années après la reconnaissance officielle de la France de la répression sanglante d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, le réalisateur a estimé que les" mots sont réparateurs, permettent d'ouvrir d'autres paroles, les archives, et d'aller vers la réconciliation et une véritable amitié entre l'Algérie et la France". Le documentaire inédit de Mehdi Lallaloui a été projeté dans le cadre du 2e Festival images de la diversité et de l'égalité, qui s'est ouvert jeudi à Paris. Il a été suivi, le même jour, par la projection de courts-métrages réalisés par de jeunes algériens parmi lesquels Demain, Alger de Amin Sidi-Boumediène et Comment recadrer un hors la loi en tirant sur un film, une fiction de Lamine Ammar-Khodja.