Un hommage a été rendu mardi à Alger à la résistante et reporter de guerre française, Madeleine Riffaud, en clôture de la sélection documentaire en compétition au 2e Festival International du cinéma d'Alger (Fica) dédié au film engagé. Le documentaire "Les 3 guerres de Madeleine Riffaud" du réalisateur français Philippe Rostan, retraçant le parcours de la militante, a été projeté à la cinémathèque d'Alger en présence du réalisateur mais en l'absence de Madeleine Riffaud, empêchée pour raison de santé de venir à Alger, ainsi que l'ont expliqué les organisateurs. Produit en 2010 et destiné pour la télévision, le documentaire revient sur les premiers engagements de Madeleine Riffaud durant la Seconde Guerre Mondiale, devenue agent de liaison en 1941, puis chef de groupe, et qui ira jusqu'à tuer, en plein Pont de Solferino (Paris) un officier Allemand, alors qu'elle était âgée d'à peine 19 ans. Alternant témoignages de la militante et images d'archives, le documentaire revient sur son arrestation par la Gestapo qui lui vaudra d'être torturée puis condamnée à mort, une condamnation à laquelle elle échappera de justesse. Très marquée par cette expérience, ainsi qu'elle le raconte, Madeleine Riffaud réussira à s'en sortir grâce, notamment, à l'amitié du poète Paul Eluard qui l'aidera à publier ses premiers poèmes et facilitera son embauche par le journal "Ce soir". Ce sera le début d'une longue carrière de reporter, motivée par son "impossibilité de vivre comme tout le monde" et son "besoin de prendre des risques", explique-t-elle, Madeleine Riffaud se rend en 1954 en Algérie après le séisme de Chlef (Alors Orléans-Ville) où elle sera finalement aide-soignante. Elle y découvre la terrible condition du peuple algérien sous la colonisation française et "prédit" le soulèvement à venir, poursuit-elle. C'est ainsi qu'elle s'engagera comme reporter de guerre, dénonçant la torture commise par l'armée coloniale française, y compris à Paris où deux jeunes algériens sont torturés "dans les mêmes locaux" où elle avait subi, quelques années plus tôt, les mêmes sévices. Un engagement qui lui vaudra d'être victime d'un attentat de l'OAS (Organisation de l'armée secrète). Le documentaire revient longuement sur l'expérience vietnamienne de Madeleine Riffaud qui partagera en tant que reporter, le quotidien des combattants Viêt-Cong dans leur guerre contre l'armée américaine. Un récit accompagné par de nombreuses photos et films pris par Madeleine Riffaud et qui ont participé à montrer les atrocités commises par l'armée américaine et faire basculer l'opinion française et internationale du côté du peuple vietnamien. La dernière partie du documentaire relate le "retour à la vie normale" de Madeleine Riffaud, en y évoquant son expérience d'infirmière dans un hôpital, concrétisée par l'écriture "Les linges de la nuit" devenu un best-seller. La dernière journée de programmation de documentaires a par ailleurs vu la projection de "Moudjahidate" de la française Alexandra Dols consacré aux témoignages de combattantes de la guerre de libération et du documentaire "La moudjahida et le parachutiste" du franco-algérien Mehdi Lallaoui. Ce dernier documentaire, mettant en parallèle le témoignage de Louisette Ighilahriz, combattante de la guerre de libération, torturée par l'armée coloniale, et celui d'un caporal de l'armée française qui reconnaît avoir commis des actes de tortures, a été présenté dans "sa version courte" de 31 minutes, ainsi que lÆa expliqué le réalisateur. La deuxième édition du Fica, consacrée au film engagé, se poursuit jusqu'au 13 décembre avec des projections de films de fictions à la salle Ibn Zeydoun (Riadh El Feth).