L'éradication des marchés informels dans la capitale, où le problème s'est posé de manière aiguë, a permis certes de mettre de l'ordre au grand bazar. Par contre, le désarroi que la décision a créé ne fait qu'augmenter chez les familles vivant de cette activité. Menée tambour battant avec des moyens logistiques et humains impressionnants, l'opération s'essouffle après quelques mois. En fait, les récalcitrants n'ont, dès le début, pas baissé les bras comme c'est le cas à Bab El-Oued, à un jet de pierre du siège de la DGSN. Le cas ne tarde pas à faire tache d'huile et plusieurs points d'Alger renouent avec les us et coutumes. Pis encore, des partis politiques n'ont pas hésité à en faire un registre du commerce en promettant lors de la campagne électorale pour les communales de revoir le dossier de l'informel et du coup remettre en cause la décision du gouvernement à ce sujet. L'exemple le plus frappant nous vient de la commune de Sidi-M'hamed où les anciens commerçants du marché Ali-Mellah (Le Bazar) sont venus revendiquer “leurs droits" au lendemain de l'installation de la nouvelle APC. Et si la police continue à faire de son mieux pour préserver un tant soit peu les artères et placettes, cela ne saurait durer devant les “menaces" des revendicateurs de réoccuper le terrain. Certains sont d'ailleurs passés à l'acte. On en veut pour preuve les nouveaux sites de marchés informels au nombre de 19 recensés le mois dernier par la DCP d'Alger avec 467 activistes, alors que 410 autres activistes sont comptés au niveau de 27 sites éradiqués et réapparus sur le territoire de la wilaya. Ces chiffres sont appelés à augmenter compte tenu de la situation de black-out que connaît ce volet. Des responsables, souhaitant garder l'anonymat, ont avoué ce constat qu'on pourrait qualifier de semi-échec en accordant toutefois aux autorités locales le bénéfice d'une bonne volonté. Mais cela reste insuffisant. Pourquoi donc cette conclusion ? “Tout simplement, explique-t-on, la décision d'éradication de l'informel lancée juste après le mois de Ramadhan dernier a été faite dans la précipitation." Sans tenir compte des conséquences immédiates. Le désarroi créé suite à cette décision ne fait qu'augmenter chez les familles vivant de l'activité informelle depuis des lustres. La logique dicte d'abord de créer des marchés pour ensuite procéder à l'éradication et non le contraire. Bien sûr, on ne peut occulter les efforts des autorités dans la “réorganisation" du marché informel, pour reprendre le terme du DCP d'Alger, Youcef Lamari. Un important programme proposé en 2011 prévoit la réalisation de 56 marchés de proximité avec une capacité globale de 6 273 places touchant la totalité des circonscriptions de la wilaya et dont l'enveloppe allouée avoisine les 70 milliards de centimes. Parallèlement, un programme prioritaire prévoit l'aménagement de 16 marchés de proximité de 2 565 étals pour un montant de plus de 12 milliards de centimes. La wilaya d'Alger a recensé 53 sites comptant 3 506 intervenants. Sur 109 marchés éradiqués comptant 4 188 intervenants, seuls 1 115 activistes sont résidents, soit un tiers des petits commerçants. Cependant, si certains marchés ont été achevés ou sont en cours d'achèvement, d'autres, en raison de problèmes administratifs, sont toujours au stade de projets. Huit marchés ne sont pas encore lancés. Quant aux marchés de type parisien, le problème crucial est lié à l'absence de placettes ou ruelles convenables à ce genre d'activité (piétonnière ou ne générant pas de désagréments à la circulation automobile lors de sa fermeture temporaire). Du moins pour ce qui est de l'hypercentre de la capitale. Mais là aussi les autorités sont confrontées aux mentalités des intervenants. La plupart de ces derniers ne respectent pas les horaires appliqués, à savoir 7h-13h. En attendant que ces aléas trouvent solution, c'est le citoyen en premier lieu qui est pénalisé. A F