Dans cet entretien, le responsable Algérie de cette structure chargée de développer les exportations françaises aborde les résultats de ses activités en Algérie ainsi que la nouvelle orientation imprimée aux relations économiques algéro-françaises. Liberté : Quels sont les résultats du forum d'affaires algéro-français organisé par UbiFrance en 2011 ? Alain Boutebel : Nous avons organisé l'année dernière une rencontre d'affaires qui n'a jamais été réalisée en Algérie : participation de 400 entreprises algériennes et de 130 entreprises françaises. Au cours de la deuxième journée du forum, 4 000 rendez-vous entre entreprises algériennes et françaises ont été organisés. Nous avons effectué un sondage en deux temps. Dans un premier temps, 90% des entreprises françaises qui y ont participé ont exprimé leur satisfaction. Dans un second temps, en septembre 2011, on a analysé les réponses. Il ressort que sur 130 entreprises, 30 ont noué des partenariats dont une dizaine dans le secteur productif. En l'occurrence, la société Bieaugaud a signé avec la société Starfruit un accord de coopération pour la mise en production d'une ligne de fabrication de jus de fruits. Quels sont les secteurs où la France enregistre des gains de parts de marché et les branches où elle est en perte de vitesse ? La France est en forte progression dans les secteurs technologiques, les équipements pour l'industrie pharmaceutique, l'agroalimentaire, les machines pour l'industrie, les secteurs nouveaux comme les énergies renouvelables. La France a une présence très forte dans le secteur de l'eau. Dans le contrôle de la signalisation, elle est très présente avec les sociétés implantées en Algérie : Thales, EADS. En revanche, dans le BTP, la France enregistre une perte de parts de marché au profit de la Chine et de la Turquie. Comment UbiFrance contribue-t-elle au renforcement des relations économiques entre les deux pays ? Nous effectuons 25 opérations par an. Chaque année, nous accompagnons 300 nouvelles entreprises françaises sur le marché algérien (missions ou délégations de représentants d'entreprises françaises en Algérie). Nous organisons des rencontres par filières. En l'occurrence, nous venons d'organiser une rencontre pharmaceutique. Plusieurs accords ont été en conclus entre entreprises françaises et laboratoires algériens. Tel a été le résultat de cette rencontre tenue récemment. UbiFrance organise chaque année des missions de franchiseurs désireux de prospecter le marché algérien. Quelles sont les grandes enseignes sur le point d'ouvrir leurs boutiques en Algérie ? Brioche Dorée est sur le point de conclure un accord de partenariat en vue d'ouvrir des surfaces en Algérie (boulangerie-viennoiserie dans les hypermarchés, un réel transfert de savoir-faire est escompté). Le président de l'Association de la franchise française était ces jours-ci à Alger. Il faudrait que le rapatriement des royalties puisse encourager les franchiseurs à introduire leurs enseignes en Algérie. Je pense que les pouvoirs publics devraient encourager la franchise car elle crée de l'emploi en Algérie. Elle est susceptible de se transformer en filière de production (de la vente des produits de grandes marques à la fabrication en Algérie de ces produits). Comment voyez-vous la nouvelle orientation des relations économiques entre l'Algérie et la France ? Nous allons organiser un forum algéro-français d'affaires en 2013 axé sur la colocalisation, c'est-à-dire des partenariats gagnant-gagnant entre l'Algérie et la France. En l'occurrence, des partenariats industriels qui permettent un courant d'affaires entre l'Algérie et la France, créer de l'emploi et de la richesse en Algérie mais également en France (équipements français pour l'unité de production implantée en Algérie en partenariat entre sociétés algérienne et française). Chérif Rahmani, le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, devrait déterminer le champ de cette colocalisation. De plus en plus d'entreprises françaises sont convaincues qu'il faut une présence permanente en Algérie pour avoir une présence pérenne sur le marché algérien. Un opérateur français trop intéressé peut vendre une fois, deux fois, trois fois, il disparaît après. Mais un opérateur qui a une vision à long terme va assurer une présence pérenne (implantation dans la durée via un partenariat productif). Les entreprises françaises vont venir de plus en plus pour voir comment développer un partenariat avec les entreprises algériennes et non pour vendre.