Exposition, projection et table ronde sont organisées en la mémoire du représentant de la musique andalouse qui a marqué d'un sceau indélébile cet art ancestral dont il a été pendant presque un siècle le digne représentant tant en Algérie qu'à l'étranger. L'association musicale El-Kortobia de Tlemcen a commémoré jeudi dernier, à la Maison de la culture Abdelkader-Alloula, le quarante-huitième anniversaire de la disparition du grand maître de la musique andalouse cheikh Larbi Bensari (1863-1964). À cette occasion, le professeur Salah Eddine Boukli, (un des derniers grands représentants de la musique andalouse) a animé une table ronde pour relater le prestigieux parcours de cheikh Larbi Bensari qui a marqué d'un sceau indélébile cet art ancestral dont il a été pendant presque un siècle le digne représentant tant en Algérie qu'à l'étranger. Dans son intervention, Salah Boukli a évoqué les grandes dates liées à la vie de cheikh Larbi Bensari, en mettant l'accent sur sa forte personnalité artistique. Aussi, il fut pendant le XXe siècle un des plus dignes représentants de l'art musical andalou en Algérie. Il a rappelé, entres autres, son large et étendu savoir qui l'a hissé sur le plan international, représentant l'Algérie à la fois au Caire, à Istanbul, Paris, Tunis, Fès avec de nombreuses distinctions à la clé. Les débats qui ont suivi ont continué à mettre l'accent sur le répit forcé qu'a accusé l'élan musical à Tlemcen depuis la fin de l'épopée des Festivals de la musique andalouse et surtout l'incompréhension dans la mesure où cette manifestation qui avait tout d'une grande rencontre musicale nationale pour les fervents de la “sanâa" a été rayée de Tlemcen et maintenue par contre à Alger et Constantine. Cette commémoration a été marquée également par la projection d'un documentaire. Présent à cet anniversaire, le cinéaste Abdellatif M'rah(réalisateur de cheikha Tétma, cheikh Rédouane et cheikh Ghaffour), a signé récemment un film sur la vie et l'œuvre artistique de cheikh Larbi Bensari. Il a souligné : “Nous constatons aujourd'hui que la musique andalouse est enseignée dans des écoles en Occident". Et d'ajouter : “Nous avons tenté de montrer, à travers les différents témoignages d'hommes et de femmes du domaine et des spécialistes intervenus dans le film, que ce grand maître fut le précurseur d'un genre qui n'était pas prédestiné seulement à quelques cités du Maghreb". Dans le cadre de cet hommage, il a été présenté au public composé, notamment, d'artistes et de présidents d'associations, une exposition de photos anciennes sur les musiciens de Tlemcen. L'Ecole de Tlemcen à laquelle appartenait cheikh Larbi Bensari “a influencé de manière décisive l'évolution culturelle de l'Algérie en jouant un grand rôle dans la promotion du patrimoine musical du pays par la création de nombreux cercles et associations qui assurent l'enseignement et la conservation de l'authenticité de la couleur traditionnelle de la musique classique algérienne". La commémoration de la disparition du grand maître a revêtu le caractère d'un évènement plein d'émotions propres aux grandes retrouvailles, rassemblant les figures les plus connues de l'art musical tlemcénien. L'occasion fut ainsi saisie pour évoquer naturellement la situation de l'art musical andalou à travers le rôle historique joué par les associations. Pour El-Hassar Bénali, écrivain et chercheur “le bilan paraît moins reluisant dans la mesure où l'activité culturelle dans ce domaine, hormis l'année exceptionnelle Tlemcen capitale de la culture islamique, a accusé un net repli par rapport aux années de faste connu dans la région", a-t-il indiqué. Et de conclure : “La disparition du Festival national de la musique andalouse (remplacé exceptionnellement par le Festival culturel maghrébin de la musique andalouse en 2011 seulement) est jugée comme ayant été fatale pour la protection du riche patrimoine de cette musique dans cette vieille cité conservatrice connue depuis le Moyen Âge arabe comme étant un des centres productifs de poésie et de musique dans ses différents segments : art andalou, haouzi, gherbi, haoufi". B. A