Chaque année, l'association El-Kortobia de Tlemcen commémore en son siège, l'anniversaire de la disparition du grand maître de la musique andalouse cheikh Larbi Bensari (1863-1964). Organisée à l'initiative de cheikh Salah Eddine Boukli, un des derniers grands représentants de cette musique dont Tlemcen est un des berceaux les plus connus dans le Maghreb, cette commémoration s'est déroulée du 24 (date de la disparition de cheikh Bensari) au 31 décembre 2011. Cette commémoration a requis le caractère d'un évènement plein d'émotions propres aux grandes retrouvailles, rassemblant les figures les plus connues de l'art musical tlemcénien. L'occasion fut ainsi saisie pour évoquer naturellement la situation de l'art musical andalou à travers le rôle historique joué par les associations. Là, le bilan paraît moins reluisant dans la mesure où l'activité culturelle dans ce domaine, hormis l'année exceptionnelle “Tlemcen, capitale de la culture islamique”, a accusé un net repli par rapport aux années de faste connu dans la région avec la tenue chaque année, pendant plus de vingt ans, du Festival national de la musique andalouse. La disparition de ce festival (remplacé exceptionnellement par le Festival culturel maghrébin de la musique andalouse mais pour 2011 seulement) est jugée comme ayant été fatal pour la protection du riche patrimoine de cette musique dans cette vieille cité conservatrice connue depuis le moyen-âge arabe comme étant un des centres productifs de poésie et de musique dans ses différents segments : art andalou, haouzi, gherbi, haoufi. Le dernier maître de la musique andalouse Salah Boukli a rappelé les grandes dates liées à la vie de cheikh Larbi Bensari évoquant le souvenir de sa forte personnalité artistique et qui fut pendant tout le XXe siècle un des plus dignes représentants de l'art musical andalou en Algérie. Il a rappelé aussi son large et étendu savoir qui l'a hissé sur le plan international, représentant l'Algérie à la fois au Caire, à Istanbul, Paris, Tunis, Fès avec de nombreuses distinctions à la clé. Les débats qui ont suivi ont continué à mettre l'accent sur le répit forcé qu'a accusé l'élan musical à Tlemcen depuis la fin de l'épopée des festivals de la musique andalouse et surtout l'incompréhension dans la mesure ou cette manifestation qui avait tout d'une grande rencontre musicale nationale pour les fervents de la “çanaâ” a été rayée pour Tlemcen et maintenue par contre à Alger et Constantine. B. A