Le 3 janvier 1967 à Madrid. Loin de sa patrie à qui il a donné sa jeunesse et toutes ses forces pour lui permettre d'accéder à l'indépendance, Mohamed Khider, l'un des 9 chefs historiques qui ont déclenché le 1erNovembre 1954, est lâchement assassiné. C'est un soir de Ramadhan, alors qu'il démarrait sa voiture pour se rendre chez un ami, qu'une personne se présenta à mon père en tant qu'Algérien. Il lui demande la possibilité de le voir pour discuter d'une affaire importante. Mon père au volant de sa voiture, accompagné de sa femme, lui répond d'attendre le lendemain. Celui-ci insiste et pour finir dégaine un pistolet qu'il décharge à plusieurs reprises. Il met fin ainsi à 55 années de vie dont 40 ont été consacrées à son pays. Durant 35 ans mon père réussit à échapper aux balles des Français, mais il a suffi de 5 années d'indépendance pour qu'il soit éliminé par ses propres “frères". “Je rappelle que la police espagnole avait identifié les coupables, que leurs photos et leurs identités ont été publiées, mais que l'affaire fut classée par le régime franquiste d'entente avec le gouvernement algérien d'alors", disait à ce propos la veuve de Mohamed Khider (1). J'aimerais à quelques jours du 46e anniversaire de sa mort raviver son nom et ainsi permettre à tout Algérien qui a vécu cette guerre d'Algérie de se souvenir de leurs héros, ceux-là mêmes qui ont été les fers de lance de cette guerre mais qui ont été les victimes de leur honnêteté militante. Ils ont été trahis. Leurs meurtriers ont été plus abjects que l'ont été les colons. En les assassinant, ils ont fait perdre à notre pays des exemples de courage, de probité, d'engagement dans le combat qu'ils ont mené pour l'indépendance de leur pays. Ils ne méritaient pas la fin brutale qu'ils ont subie. La demande faite par Etat algérien à la France de reconnaître les effets destructeurs de la colonisation et toutes les atrocités et crimes commis durant la période coloniale, est compréhensible et légitime. Mais elle reste paradoxale lorsqu'on sait que ce même Etat n'est pas lui-même capable d'assumer ses propres responsabilités devant l'histoire et devant ses concitoyens pour tous les crimes commis avant et après l'indépendance. Le régime persiste à camoufler des vérités et à travestir l'histoire de l'Algérie. C'est en se remettant en question qu'il retrouvera une crédibilité qu'il n'a plus et permettra enfin à notre jeunesse de connaître et reconnaître avec fierté l'histoire réelle de son pays. Hassan Ouali, journaliste à “El Watan", pointe clairement du doigt les responsabilités. L'Etat algérien veut faire oublier tous ceux qui l'ont dérangé. Dans son article du 10/05/2012 “Méconnaissance de l'histoire ou responsabilité du régime" il cite “...Les noms de Boudiaf, Aït Ahmed, Ben Bella, Krim, Ferhat Abbas et tous les autres opposants à la dictature de Boumediène ont été incroyablement rayés des manuels de l'histoire. Pour rendre impossible la construction de l'Etat démocratique, il fallait, pour le régime de Boumediène, organiser la liquidation de tous ceux qui s'inscrivaient dans le prolongement de la Libération nationale", analyse un politologue. Faut-il s'étonner alors de ce que la jeunesse algérienne ne connaisse pas, en 2012, ces têtes pensantes de la Révolution coupées par l'histoire officielle ?" Il cite également Abane Ramdane, Krim Belkacem, l'un “.... lâchement assassiné par ses ‘frères' d'armes à Tétouan (Maroc), alors que l'histoire officielle raconte qu' ‘il est tombé au champ d'honneur'. Un déshonneur...Le second a été étranglé avec une cravate dans une chambre d'hôtel à Frankfurt, en Allemagne..." J'aurais aimé qu'il n'omette pas le nom de Mohamed Khider, également lâchement assassiné par le régime de Boumediène. Que l'Etat algérien prenne exemple de la France qui, comme la déclaré son président à propos de l'affaire Maurice Audin, “...doit faire face à ses responsabilités et au devoir de vérité qui lui incombe envers les victimes, leurs familles et envers la nation tout entière". La déclaration du Président français François Hollande est courageuse et prouve la force d'une vraie démocratie. Celle qui permet à un simple citoyen face à un Etat de réclamer et d'obtenir justice. On ne peut parler de Mohamed Khider sans citer également l'affaire des Fonds du FLN. Cette affaire a largement été utilisée par le pouvoir algérien pour discréditer mon père en lui donnant un caractère crapuleux. En juin 2008, je répondais au “journaliste" Rachid Yahou qui détaillait cette affaire dans un article intitulé “Les premières dilapidations", édité dans un site informatique appartenant à la communauté juive et francophone, isranews.com. “......... Pour votre information, concernant l'affaire des fonds du FLN, celle-ci a été réglée en avril 1979 par la restitution de ces fonds. Je dois vous rappeler que Mohamed Khider prend la responsabilité de garder la maîtrise des fonds du FLN dont il avait la charge, déclarant qu'il les mettait à la disposition de tous les partis d'opposition ou de toutes personnalités politiques luttant contre le régime existant. Le président Boumedienne va utiliser l'affaire des fonds du FLN pour discréditer la personnalité de Mohamed Khider et bien évidement tous les partis d'opposition existant à cette époque. L'acharnement de mon père contre le régime en place, sa détermination, son rôle fédérateur des différents partis d'oppositions, va pousser Boumedienne à faire éliminer physiquement son adversaire le 3 janvier 1967. Mort, le problème des fonds restait entier. Qui allait continuer à gérer ces fonds ? Cadeau empoisonné, comme le disait lui-même mon père, il devenait un poids pour l'opposition dont il fallait se débarrasser. Le président algérien le sait, et c'est pour cela qu'il fera tout pour le laisser en souffrance. En effet, rappelons qu'afin d'en finir et dans le but de laver la mémoire de son mari, Madame Ve Khider va, en 1970, rencontrer le président Boumedienne pour remettre entre ses mains tous les documents concernant cette affaire (1). Le gouvernement algérien pouvait dès lors constater la gestion purement politique de ces fonds, et les documents fournis lui permettaient d'immédiatement récupérer son fameux trésor. Mieux encore, Mohamed Khider laissait en héritage à son pays un établissement bancaire en Suisse. Dès 1970, l'Etat algérien avait donc la possibilité de récupérer son bien, puisque les héritiers Khider étaient disposés à céder leurs droits, et cela en conformité avec l'esprit qu'avait toujours donné Mohamed Khider quant l'appartenance de ces fonds. Malgré donc la visite de Mme Ve Khider au président Boumedienne et la mise à disposition des documents, ce dernier va continuer à attaquer par le biais des tribunaux, cherchant toujours à démontrer le caractère malhonnête de cette affaire. Sans succès puisque l'Etat algérien se verra débouté en 1974 devant le tribunal fédéral helvétique, considérant la famille Khider comme seule ayant droit légal de ces fonds. Ce n'est qu'à la mort du président Boumedienne, et donc à l'accession au pouvoir du président Chadli Bendjedid, que le gouvernement algérien accepte de s'asseoir à la même table que la famille Khider pour signer un accord en avril 1979. L'Hoirie Khider, qui n'avait jamais eu de prétentions sur ces fonds, accepte le transfert des actions de la BCA (Banque commerciale arabe) au profit de l'Algérie, qui récupère ainsi ces fonds et devient propriétaire d'une banque en Suisse. Celle-ci est actuellement installée à Zürich et se nomme Algerishe Aussenhandels. M. Yahou, vos propos à l'encontre de mon père sont totalement injustes au regard de son parcours exceptionnel. Le fait qu'il ait mis les fonds du FLN au service de la défense d'idéaux démocratiques était à son sens la meilleure façon de défendre les principes de la révolution que le FLN avait à charge de promouvoir. A travers l'affaire des fonds du FLN, on a voulu salir la mémoire du leader algérien, et cela malgré les évidences. Cette affaire est belle et bien terminée et en son honneur et en celui de l'Algérie qui se retrouve propriétaire d'une banque en Suisse. La question serait de savoir ce qu'on en a fait depuis. “A l'aboutissement de cette affaire, je rappelle un article paru dans le journal El Moudjahid (13 décembre 1979) et rapporté par l'agence nationale de presse APS : “Dans le cadre de la récupération des fonds du FLN par l'Algérie, l'Etat algérien avait intenté une série de procès contre la Banque commerciale arabe (BCA) et son administrateur délégué, M. Zouheir Mardam. Le tribunal fédéral helvétique, la plus haute instance judiciaire de Suisse, avait en dernier recours, en 1974, débouté l'Algérie. Une plainte pénale est alors introduite par Mme Khider et l'Algérie se constitue partie civile contre M. Mardam. L'inculpation de Mardam allait permettre de régler ce problème et ainsi l'Algérie sortait victorieuse de cette bataille juridique. En effet, le 24 avril 1979, la Commission fédérale des banques reconnaissait que la BCA appartenait légitimement à l'Algérie et le transfert des actions de la BCA à l'Algérie a été réalisé. L'Algérie prend donc le contrôle effectif de la BCA. La contribution de Mme Khider et de ses enfants dans cette affaire a permis à notre pays d'être enfin rétabli dans ses droits". 22 ans après, l'affaire des fonds du FLN est encore relatée par des officiels de l'Etat, tels que M. Ali Benflis, à l'époque chef du gouvernement, membre de la direction du FLN, ancien ministre de la Justice, avocat et ancien magistrat. Celui-ci s'exprimait le 26 juin 2001, à l'ouverture du débat général sur les événements qui ont endeuillé et marqué pour longtemps, le centre-est et l'est du pays. Surprenante et inattendue déclaration venant du Premier ministre et secrétaire général du FLN censé connaître le règlement de cette affaire. “Certains pays occidentaux versent des larmes de crocodile sur la gouvernance dans nos pays et s'offusquent des commissions que leurs entreprises versent dans les comptes bancaires de la honte, abrités chez eux, à des dirigeants véreux d'entreprises ou d'administration du tiers-monde, dont l'Algérie. Ils versent des larmes de crocodile car ils ont la possibilité d'aider le peuple algérien en dévoilant la liste des bénéficiaires de ces comptes et en révélant tous les dessous de ce qu'on appelle les finances du FLN et du trésor du FLN." Toute cette polémique qui a tourné autour de cette affaire du “trésor du FLN" n'a été qu'un prétexte visant à mettre une ombre sur la véritable stature de cette personnalité politique. Non satisfait de l'avoir liquidé physiquement, ils ont voulu salir sa mémoire. C'est donc faire acte de justice que de relater les vérités. Je voudrais qu'à l'occasion du 3 janvier 2013, 46e anniversaire de sa mort, on lui rende hommage. Il aurait pu par opportunisme après l'indépendance se satisfaire et se complaire d'une haute fonction de l'Etat, il a choisi de continuer à se battre pour ses idéaux. Son histoire est la nôtre, la relater c'est rendre également hommage à tous ceux qui avec courage ont lutté pour les mêmes principes que ceux de mon père. Vous trouverez ci-dessous une biographie condensée. Né à Alger en 1912, de conditions modestes. Dès l'âge de 17 ans, on le rencontre dans les caves de La Casbah discutant de l'injustice que subissaient ses frères algériens En 1934, il adhère à l'ENA (Etoile nord-africaine) Le 2 août 1936, il milite au sein du PPA (Parti du peuple algérien). En 1937, il est élu permanent du PPA en qualité de secrétaire du bureau d'Alger et assumera également les fonctions de trésorier de la section Alger marine. Le PPA dissous durant la Seconde Guerre mondiale, ses membres sont traqués et le 28 mars 1941, Mohamed Khider est arrêté pour atteinte à la sécurité de l'Etat. Il sera emprisonné jusqu'en 1944. Libéré, il est de nouveau arrêté en 1945 après le massacre de Sétif du 8/05/1945 et emprisonné au fort militaire de Bouzérela. Libéré en 1946, Mohamed Khider sera l'un des artisans de la transformation du parti du PPA, qui se divise en 2 partis, l'un légal, le MTLD, l'autre secret, l'OS. Le 10 novembre de cette même année il est élu sur la liste du MTLD député d'Alger à l'Assemblée nationale française. Son élection est validée le 31 janvier 1947. Il est nommé membre de la commission des pensions et le 30 janvier 1948 de la commission de la famille, de la population, de la santé publique et de la commission de la presse. En avril 1949, il est impliqué dans l'attaque de la poste d'Oran, attaque préparée par l'OS. Il fait l'objet d'une demande de levée de l'immunité parlementaire. A la fin de son mandat en juin 1951, Khider, pour éviter une arrestation, quitte la France à destination de l'Egypte, via la Suisse. A son arrivé au Caire, il est adjoint à Chadli Mekki, responsable de la section algérienne du bureau du Maghreb arabe. En octobre 1952, lors de l'exclusion de ce dernier, Khider prend la direction de la section algérienne en tant que délégué du MTLD. Vers la fin de 1951 arrive au Caire Hocine Aït Ahmed, rejoint quelques mois plus tard par Ahmed Ben Bella, qui s'intègrent dans le bureau. Pour mémoire, rappelons que L'OS, dirigé par Hocine Aït Ahmed puis par Ben Bella est démantelé en 1950. A cette époque une scission se produit au sein du MTLD. Les messalistes et les centralistes s'affrontent sans merci. Ces derniers dénoncent le culte de la personnalité qui entoure Messali. C'est pour tenter de venir à bout de ces querelles, pour ressouder le parti, que le CRUA (Comité révolutionnaire d'unité et d'action) est créé par ceux qu'on a appelé les 9 chefs historiques, dont Md Khider, Md Boudiaf, Mustapha Ben Boulaïd, Larbi Ben Mhidi, Rabah Bitat, Mourad Didouche, Krim Belkacem, Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella). Le 10 octobre 1954, les membres du CRUA fixent la date de l'insurrection au lundi 1er novembre 1954 et créent 2 organismes, l'un politique, le FLN, l'autre militaire, l'ALN. Lamine Debaghine, Ahmed Bouda, Abderrahmane Kiouane, Toufik Madani Ahmed, Ferhat Abbas et Ahmed Francis se joindront à la délégation FLN du Caire. Khider restera président de cette délégation. Entre 1955 et 1956, Khider se rend dans plusieurs pays européens, dont l'Italie et la Yougoslavie, où il rencontre un envoyé de Guy Mollet. Il se rend également, en juillet 56, en Libye pour y obtenir un soutien. Le 20 août 1956, lors du congrès clandestin de la Soummam, la direction politique du FLN est confiée au CNRA (Conseil national de la révolution algérienne), composé de 34 membres dont Khider. Le 19 octobre 1956, Khider, Aït Ahmed, Ben Bella, Boudiaf et Lacheraf se rendent au Maroc pour rencontrer le Sultan Mohamed V. Il s'agissait de discuter de la réunion qui devait se tenir à Tunis pour la création d'un tout nord-africain qui resterait lié à la France d'une manière encore à déterminer. La création d'une confédération nord-africaine devait permettre de résoudre tous les problèmes en suspens. Le 22 octobre 1956, l'avion transportant Khider et ses 4 compagnons de Rabat vers Tunis est détourné sur Alger par l'aviation militaire française. Les 5 leaders y sont interrogés puis transférés à Paris, à la prison de Fresnes. En septembre 1958, Khider et ses compagnons sont nommés ministres d'Etat du GPRA. En mars 59, ils sont transférés à l'Ils d'Aix, puis, le 20 mai 61, au château de Turquant où ils feront une grève de la faim qui durera une vingtaine de jours. Quelques jours plus tard, ils sont emmenés au château d'Aulnoy. Le 4 janvier 1962, c'est la réunion du GPRA à Mohammedia, au Maroc, qui allait montrer les dissensions qui existaient au sein du FLN ; Les militaires contre les politiques du GPRA. Fin mars 1962, après les accords d'Evian, les 5 sont libérés. Khider rompt avec le GPRA de Ben Khedda en démissionnant en juillet 1962. Il proclame “...l'instance suprême de la révolution algérienne, le CNRA, avait décidé à Tripoli, à l'unanimité, de créer un bureau politique de 7 membres pour remplacer le GPRA, rénover les structures du FLN et préparer à la fois les élections et un congrès. La désignation de ce bureau intervient à une majorité de plus des 2/3. Elle écarta certains membres du GPRA, dont Ben Khedda, qui continuèrent à se prévaloir d'une légitimité et d'une autorité à laquelle il venait d'être mis fin". Khider soutient donc l'état-major que le GPRA entendait destituer. 2 blocs s'affrontent jusqu'à fin septembre. D'un côté le GPRA soutenu par la zone autonome d'Alger, la Fédération de France, les willayas II, III et IV et la plus grande partie de l'appareil syndical ; l'autre bloc sera constitué du tandem Khider-Ben Bella-Boumedienne et des willayas I et V. Le risque de guerre civile existe. Le 3 juillet 1962, Alger en liesse accueille Ben Khedda et tous les membres du GPRA, à l'exception de Khider et de Ben Bella démissionnaires. Le 11 juillet Ben Bella, soutenu par Khider, entre à Tlemcen. Ils s'emploient à appliquer les décisions de Tripoli. Des négociations s'engagent. Des délégués des willayas II, III, et IV proposent que le CNRA soit réuni et tranche publiquement. Khider refuse et annonce, le 22 juillet 1962, la constitution d'un bureau politique à Tlemcen composé des membres qui avaient été désignés précédemment. Le bureau s'occuperait de politique intérieure, tandis que le GPRA subsisterait pour assurer la représentativité extérieure de l'Algérie. Krim Belkacem refuse. Khider par ses qualités de négociateur réussit à dénouer la crise. Le 2 août 1962, Il tient avec Boudiaf, Krim Belkacem et le colonel Mohand Ou El Hadj, chef de la willaya III une réunion à Alger et concrétise un accord. Le bureau politique est accepté et se compose de 7 membres : Khider, Ben Bella, Boudiaf, Bitat, Aït Ahmed, Mohand Saïd, Hadj Ben Allal. Dès sa 1re réunion, le bureau adopte 2 décisions : date des élections de l'Assemblée constituante fixée au 2 septembre 1962. répartition des responsabilités entre les différents membres du bureau. Khider occupe la 1re place avec le titre de secrétaire général et responsable unique des finances du parti et chargé de l'information. 20 septembre 1962, élection à l'Assemblée nationale. 25 septembre 1962, l'Assemblée proclame la naissance de la République algérienne démocratique et populaire et investit à la majorité absolue le gouvernement Ben Bella. Début 63, des divergences avec Ben Bella apparaissent à propos de l'organisation du parti. Le fossé se creuse entre les 2 hommes. Mohamed Khider se rend compte de la dérive du président Ben Bella vers le pouvoir personnel et le 17 avril 1963, Khider démissionne de ses fonctions de secrétaire général du FLN. Il s'enfuit en Europe et en juin 1964, il tient une conférence de presse où il annonce la rupture totale avec Ben Bella. Juillet 1964, il déclare mettre à la disposition de l'opposition les fonds qu'il détient. Ben Bella dépose une plainte et accuse Khider d'escroquerie. Le 3 mai 1965, Ben Bella revient sur sa déclaration et officiellement déclare que Khider a pris cet argent à des fins politiques et non personnelles et envisage un rapprochement. Ben Bella se trouve dans un étau sous la pression des militaires. C'est trop tard qu'il réagit en tentant de se rapprocher de l'opposition et d'écarter les amis d Boumediène dont Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères. Juin 1965, coup d'état de Boumediène. Ben Bella est cueilli dans son lit et emprisonné. Khider à travers des émissaires tente un rapprochement suite à la déclaration de Boumediène fustigeant la dictature de Ben Bella et promettant la démocratie. Sans surprise, les contacts se soldent par un échec, Boumediène choisit de gouverner seul et à la manière dure. Durant l'année 1966, l'opposition se regroupe autour de Khider et en fin d'année l'évasion de la prison d'Alger de Hocine Aït Ahmed vient renforcer cette opposition. Le 3 janvier 1967, Khider devenant trop dangereux est assassiné à Madrid sous les yeux de sa femme. L'enquête menée minutieusement établit l'implication de membres de l'ambassade algérienne. K. T. (1) In le quotidien “La Suisse" (19 décembre 1979).