La “chasse" aux pelouses naturelles continue. Les pelouses de nombreux stades sont désormais remplacées par des surfaces en fibres synthétiques. Le manque de suivi et de moyens, l'absence de jardiniers spécialisés, le coût élevé pour l'entretien des pelouses naturelles ont été les arguments avancés pour “liquider" ces aires, devenues de véritables fardeaux pour les responsables. Néanmoins, si l'utilisation de cette surface réduira bien des tracasseries aux gestionnaires, et principalement aux joueurs, il n'en demeure pas moins que la pelouse naturelle est la seule qui peut améliorer le niveau technique de ces derniers. Comme par exemple, la pelouse en tartan du stade de l'Unité maghrébine de Béjaïa, qui paraissait comme une solution appropriée suite à la dégradation de la pelouse en gazon naturel existante qui avait près d'une vingtaine d'années, ne présente plus les mêmes arguments chez, notamment, les utilisateurs de cette aire de jeu et l'opinion sportive en général. Ils pensent, à présent, qu'ils auraient pu consentir un peu plus d'efforts en se montrant plus patients, le temps de se doter d'une pelouse en gazon naturel. À Sétif, Bologhine , Saoura, Bordj ou encore à El-harrach, et Oran. Ils sont, en effet, conscients que la pratique du football est de loin meilleure sur du gazon naturel. Mais, pour une question de temps, de durée et de réalisation, les acteurs de football ont tout de suite adhéré à l'idée de doter les stades de pelouses synthétiques. À quelques exceptions près, l'ensemble des stades sur le territoire national est habillé en artificiel. Les footballeurs dans le monde sont de plus en plus exigeants quant à leurs terrains de jeu, et le gazon artificiel répond aujourd'hui à leurs besoins. Mais, ce n'est pas tout à fait le cas en Algérie, dans la mesure où plusieurs stades, pourtant rénovés avec de nouvelles pelouses synthétiques, connaissent une dégradation et ne permettent pas de répondre aux besoins de la compétition. C'est dire qu'en décidant d'opter pour le synthétique, les décideurs sont tombés dans le même piège. Si pour les concepteurs et spécialistes de cette “surface", le gazon artificiel combine l'aspect et le confort naturel avec un avantage de taille : une faible solution d'entretien. Le synthétique présente à longueur d'année un état parfait, supporte une utilisation intensive sans tracas. Néanmoins, ce n'est pas l'avis des techniciens et autres pratiquants de ce sport, Alain Michel qui a beaucoup entraîné dans différents pays et particulièrement en France, estime à ce sujet que, “rien ne vaut une pelouse naturelle qui sera entretenue, bien sûr, par des professionnels. Je dirais, en plus, que Béjaïa mérite un autre complexe. Concernant le gazon artificiel, certes, il faut multiplier ce genre de surface pour permettre aux différents clubs de trouver un lieu où s'entraîner et jouer, mais pour le stade principal, il faut impérativement, et ce, pour élever le niveau, qu'il soit en gazon naturel sur le plan technique, la circulation de la balle, son rebond, sont très différents sans oublier les risques de blessures". Néanmoins, pour les décideurs, et afin d'éviter trop de “soucis" la pose d'un gazon artificiel qui coûte environ 7 milliards est la solution par défaut. Cela dit, aujourd'hui, les enceintes sportives en Algérie, jadis, revêtues de pelouses naturelles, se sont transformées en surfaces synthétiques. Un facteur qui a inéluctablement engendré une baisse de niveau chez les joueurs locaux . A. H