La “chasse” aux pelouses naturelles continue aussi à Béjaïa. Les pelouses des stades de l'Unité maghrébine, de Benallouache ou encore celui d'Amizour sont désormais remplacées par des surfaces en fibre synthétique. Le manque de suivi et de moyens, l'absence de jardiniers spécialisés, le coût élevé pour l'entretien des pelouses naturelles ont été les arguments avancés pour “liquider” ces aires, devenues de véritables fardeaux pour les responsables. Néanmoins, si l'utilisation de cette surface reduira bien des tracasseries aux gestionnaires, et principalement aux joueurs, il n'en demeure pas moins que la pelouse naturelle est la seule qui peut améliorer le niveau technique de ces derniers. Comme exemple, la pelouse en tartan du stade de l'Unité maghrébine de Béjaïa, qui paraissait comme une solution appropriée suite à la dégradation de la pelouse en gazon naturel existante qui avait près d'une vingtaine d'années, ne présente plus les mêmes arguments chez, notamment, les utilisateurs de cette aire de jeu et l'opinion sportive en général. Ils pensent, à présent, qu'ils auraient pu consentir un peu plus d'efforts en se montrant plus patients, le temps de se doter d'une pelouse en gazon naturel. Ils sont, en effet, conscients que la pratique du football est de loin meilleure sur du gazon naturel. Mais, pour une question de temps et de durée et de réalisation, les acteurs de football ont tout de suite adhéré à l'idée de doter le stade Opow d'une pelouse synthétique. Pour ces derniers, la logique voudrait que Béjaïa, qui s'est dotée d'une pelouse en gazon naturel il y a de cela 20 ans, au moment où étaient, à cette époque-là, très rares les stades d'Algérie qui disposaient d'une pelouse en “herbe”, ait, aujourd'hui, un stade à la hauteur de la dimension prise par les deux clubs phares, en l'occurrence le MOB et la JSMB, avec une pelouse naturelle de meilleure qualité. L'exemple nous vient aussi du stade d'Amizour qui, en 1995, avait, pour rappel, une pelouse en gazon naturel de haute facture. Lors d'un tournoi national de jeunes, organisé sur cette pelouse, les présents, et parmi eux Mustapha Dahleb, ont été émerveillés par la qualité de cette surface. Rencontrés à la fin d'une séance d'entraînement, et approchés pour avoir leur avis en tant que principaux acteurs sur la pose d'une pelouse synthétique au stade de l'Opow, les deux joueurs du MOB, Kamel Marek et Meftah Rahim, reconnaissent, durant l'année 2009, que la pelouse en gazon naturel demeure meilleure “mais, à défaut d'un bon entretien et d'un suivi en permanence, la pelouse synthétique s'impose.” Les deux techniciens, en charge des clubs de la JSMB et du MOB de l'époque, ont pourtant tiré la sonnette d'alarme en déclarant à ce sujet que “cette pelouse n'est praticable qu'en début et en fin de saison. Il faut impérativement trouver une solution. Néanmoins, au sujet de cette éventuelle pelouse artificielle, ma foi, la progression du footballeur ne se fait que sur du gazon naturel, et l'exemple nous vient de nombreux pays”, nous a avoué Latrèche. Pour Abdellah Mechri, “rien ne vaut une pelouse naturelle qui sera entretenue, bien sûr, par des professionnels. Je dirais, en plus, que Béjaïa mérite un autre complexe. Concernant le gazon artificiel, certes il faut multiplier ce genre de surface pour permettre aux différents clubs de trouver un lieu où s'entraîner et jouer, mais pour le stade principal, il faut impérativement, et ce pour élever le niveau, qu'il soit en gazon naturel.” Néanmoins, pour les décideurs, et afin d'éviter trop de “soucis”, la solution est vite trouvée : elle passera par la pose d'un gazon artificiel qui a coûté environ 7 milliards. Cela dit, malgré cette “réalisation”, le stade annexe, en gazon artificiel aussi, se trouve, aujourd'hui, à cause des inondations récurrentes, dans un état lamentable. Même constat pour la gestion des lieux et des alentours de l'Opow, qui, faute de moyens humains et matériels, offrent une image de désolation. A. HAMMOUCHE