Après 2 années de disette, 2013 devrait être inaugurée par une nouvelle introduction en Bourse. On vient de l'apprendre. Les Nouvelles conserveries algériennes (NCA), qui produisent les jus de fruits de la marque Rouiba, ont obtenu le feu vert de la Cosob pour une entrée à la Bourse d'Alger, selon le P-DG de la société, M. Slim Othmani. “Nous avons obtenu le visa de la Cosob pour introduire entre 20 % et 25 % du capital de notre société en Bourse. Nous espérons être coté entre le 17 et le 20 mars prochain", a précisé M. Othmani. NCA Rouiba sera ainsi la deuxième entreprise à capitaux privés cotée à la Bourse d'Alger, après l'assureur privé Alliance Assurances dont l'introduction en Bourse date du début de l'année 2011. Fondée en 1966, NCA Rouiba, a réalisé un chiffre d'affaires de près de 6 milliards de dinars en 2012. L'entreprise emploie 450 salariés, et 36 % de son capital sont détenus par le fonds d'investissements AfricInvest. Une hirondelle ne fait pas le printemps et, depuis plus de 15 ans maintenant, le marché financier algérien reste obstinément réduit à des proportions lilliputiennes. La capitalisation financière de la Bourse d'Alger représente moins de 1/1000e du PIB national. Son bilan est squelettique : trois titres cotés, un nombre d'obligations qui se compte sur les doigts d'une seule main et un niveau de transaction annuel qui ne dépasse pas deux millions de dollars. En comparaison, la Bourse de Palestine, qui ne dispose quand même pas de toutes les facilités, compte plus de 40 titres cotés, et même celle du Vietnam, toujours dirigée d'une main de fer par le parti communiste, représente déjà plus de 15% du PIB. Sans parler de nos voisins tunisiens qui arrivent à 20% du PIB et encore moins de la Bourse de Casablanca qui accueille des centaines de sociétés et représente en capitalisation plus de 60% du produit national marocain. Une Bourse, pour quoi faire ? La Bourse n'est pas un gadget, c'est un instrument puissant et efficace de financement de l'économie et surtout des investissements des entreprises. “A quelques exceptions près, l'économie algérienne ne compte pas de champions nationaux faute de marché financier", affirmait en octobre dernier, dans un séminaire à l'hôtel Aurassi, Lyès Kerrar, patron de la société Humilis, qui relève que dans la plupart des pays du monde, la capitalisation boursière fait quasiment jeu égal avec le volume des crédits bancaires. La maladie de croissance infantile qui frappe la Bourse d'Alger n'est pas seulement un obstacle à l'éclosion de belles entreprises privées algériennes qui pourraient y trouver notamment une nouvelle source de financement pour renforcer leurs fonds propres et contourner ainsi les difficultés d'accès aux financements bancaires classiques. Elle pénalise aussi, entre autres conséquences, le développement du leasing, si utile pour le financement des équipements des entreprises “parce que le marché obligataire est le mode de financement naturel des sociétés de leasing", soulignent les experts. Le potentiel du marché algérien dans ce domaine est estimé à 3 milliards de dollars alors que le chiffre d'affaires actuel des sociétés spécialisées ne dépasse pas 300 millions de dollars. L'atrophie du marché boursier algérien bloque également l'essor du capital-risque faute de porte de sortie pour les investisseurs. Pour contourner la difficulté, au cours des dernières années, les autorités financières algériennes ont exigé des banques publiques nationales qu'elles créent des filiales spécialisées dans le capital-risque . On a également créé des fonds d'investissement publics de wilaya, dotés chacun d'un capital de 1 milliard de dinars, mais le bilan de l'activité de ces nouveaux acteurs financiers reste extrêmement maigre, et la plupart d'entre eux ne sont même pas encore opérationnels.. Comment réveiller la Bourse d'Alger ? La quasi-totalité des spécialistes en sont convaincus. Il faut initier à la Bourse d'Alger “un flux d'émissions permettant d'atteindre la taille critique de capitalisation boursière", en lançant un plan de “privatisation par la Bourse de toutes les entreprises publiques éligibles immédiatement ou à terme". A commencer par les banques et les établissements financiers ainsi que le secteur des télécommunications dont les sociétés doivent ouvrir leur capital en Bourse. En fait, c'est ce qu'ont fait pratiquement tous les pays du monde avant nous, démarche que nos dirigeants, par dogmatisme, prudence excessive ou par souci de garder entre les mains de l'Etat le contrôle des circuits de financement de l'économie, ne se sont pas encore résolus à adopter. Une lueur d'espoir C'était la seule bonne nouvelle des derniers mois : un plan de sauvetage de la Bourse d'Alger est en voie de concrétisation (voir ci-contre). Ses grandes lignes ont de nouveau été révélées au cours d'une journée d'information organisée en décembre dernier. Il devrait, selon ses initiateurs, dont le chef de file est la Cosob, permettre, “dans un délai de 5 à 8 ans", de faire passer le nombre de sociétés cotées de 3 à 38, et à la capitalisation boursière de grimper à 10 milliards de dollars. Dans une perspective de plus long terme, la cible retenue est de parvenir à 25% du PIB et un objectif de 150 sociétés présentes en Bourse. En attendant, et à plus court terme, il faudra se contenter du maigre bilan publié par le récent rapport annuel de la Cosob pour 2011, qui fait état d'une dégringolade du marché obligataire qui n'a enregistré aucune nouvelle émission et dont la capitalisation a été divisée par 2 en raison de l'arrivée à échéance de nombreux emprunts. Pour le compartiment action, le même rapport évoque, sans dévoiler leur identité, les demandes de visa de 3 sociétés, qui seraient NCA qui vient d'obtenir le visa de la Cosob ainsi que Maghreb Leasing Algérie et Salama Assurances. Le directeur de la Bourse d'Alger, Mustapha Ferfara, affirmait de son coté, récemment, qu'“au moins une dizaine d'entreprises sont clairement intéressées par des opérations d'admission en Bourse et comptent se préparer activement à cet effet". H. H.