Ont pris part hier au débat, entre autres, Eric Denécé, Yves Bonnet, président du Ciret-Avt, Richard Labévière, reporter à la TV suisse romande (TSR) et consultant en relations internationales, et le Syrien Majed Nehmé. Deux années après l'apparition des Printemps arabes dans le monde arabo-musulman, ces mouvements se sont-ils vraiment transformés en “révolutions" ? Telle a été la problématique de la journée d'étude organisée, hier, à l'hôtel Hilton (Alger), par l'Association algérienne de solidarité avec la femme rurale (Aasfr), en collaboration avec le Centre international de recherche et d'études sur le terrorisme et l'aide aux victimes (Ciret-Avt), section Algérie. Cette rencontre, comme ont eu à l'expliquer les organisateurs, fait suite à un travail d'approche de la réalité des évènements ayant éclaté en Libye et en Syrie, ensuite à la publication récente d'un ouvrage, intitulé La face cachée des révolutions arabes et paru aux éditions Ellipses (France). Le livre en question, réalisé par le Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2r), sous la direction de son directeur, Eric Denécé, rassemble plus d'une vingtaine d'auteurs de 8 nationalités différentes (dont deux d'Algérie) et d'horizons divers. Un panel d'experts internationaux ont pris part hier au débat, dont certains auteurs de La face cachée des révolutions arabes, comme par exemple Eric Denécé, Yves Bonnet, président du Ciret-Avt, Richard Labévière, reporter à la TV suisse romande (TSR) et consultant en relations internationales, et le Syrien Majed Nehmé, directeur de la rédaction du magazine Afrique Asie. Dans son intervention, Saïda Benhabylès, présidente de l'Aasfr et membre fondateur du Ciret-Avt, a clairement laissé entendre que deux ans après les évènements qui avaient secoué la région du Mena, les changements opérés depuis ne peuvent être vus comme “une libération des peuples". Le prix des Nations unies pour la société civile a, en outre, estimé que ces “révolutions arabes" ont eu “des conséquences néfastes", citant particulièrement le recul des droits de l'homme et ceux de la femme, la destruction de monuments religieux et l'instrumentalisation de l'islam politique. “À travers ces Printemps et révolutions, les courants islamistes ont plongé les peuples dans l'obscurantisme", a soutenu Mme Benhabylès. De son côté, Yves Bonnet est revenu sur l'espace méditerranéen, rappelant que “c'est aussi une terre qui a fait l'objet d'un certain nombre d'appropriations, militaires, religieuses, idéologiques...". L'ancien directeur de la surveillance du territoire (DST) a également insisté sur “l'enjeu" que représente la Méditerranée, en liaison avec les acteurs extérieurs, notamment les acteurs nouveaux, tels que l'Angleterre, l'Allemagne, Israël et les Etats-Unis. Dans ce cadre, il a affirmé que la politique israélienne a toujours été “de diviser, de fragmenter, d'émietter le monde arabe". M. Bonnet a aussi abordé le rôle joué par le pays de l'Oncle Sam en sa qualité d'“inspiré de la politique israélienne", signalant la réalité de “l'obsession américaine du danger russe" et celle de leur “politique d'endiguement", en s'appuyant sur des pays comme l'Allemagne, la Turquie, l'Iran du Chah, le Pakistan ou le Japon. “Les Etats-Unis ont fabriqué cette réaction intégriste, qui n'a rien à voir avec la religion", a encore noté l'intervenant, précisant que le but était de “persécuter tous les régimes dits laïques" et d'“essayer de les renverser". L'intervenant suivant, Eric Denécé, pour sa part, a déclaré que les conditions des “révolutions arabes" ont été “préparées à partir de 2002, par les Etats-Unis". D'après lui, les “méthodes de déstabilisation et de manipulation", employées en Serbie, Ukraine et Géorgie, ont été “réadaptées". De plus, outre le fait que le mouvement de révoltes ait été amplifié par les médias, Internet et les réseaux sociaux, les fuites de WikiLeaks ont constitué “un accélérateur du Printemps arabe", dira-t-il. Mais, l'ex-analyste du renseignement n'a pas exclu que les ingérences extérieures (USA, pays du Golfe, etc.) ont aussi été rendues possibles par de “vraies raisons d'insatisfaction", localement. “J'ai la conviction que les Américains ont été plus loin qu'Israël" concernant l'incitation de pseudos révolutions arabes, a révélé M. Denécé, en y voyant un “début de divergence entre Washington et Tel-Aviv". H A