Un rapport sur la Syrie a été rendu public vendredi à Paris par la délégation d'experts qui s'est rendue, du 3 au 10 décembre, dans ce pays pour évaluer «en toute indépendance et neutralité» la situation. Cette mission, menée à l'initiative du Centre international de recherche et d'étude sur le terrorisme et d'aide aux victimes du terrorisme (Ciret-AVT) et le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), comprend Saïda Benhabyles, ancienne ministre algérienne de la Solidarité nationale, prix des Nations unies pour la société civile et membre fondatrice du Ciret-AVT, Anne-Marie Lizin, présidente du Sénat belge, Richard Labévière, écrivain et spécialiste des Proche et Moyen-Orient, ainsi que d'Eric Denécé, directeur du CF2R. Présenté à la presse internationale, ce rapport, intitulé «Syrie : une libanisation fabriquée», dénonce «des manipulations extérieures» visant la «libanisation de la crise syrienne». Sur le plan médiatique, ces experts ont relevé «la différence entre la situation sur le terrain et la vision qu'en donnent les médias anglosaxons et arabes», soulignant «l'intense campagne médiatique en action contre Damas». Les experts soulignent également deux formes d'opposition politique en Syrie. Il s'agit de l'opposition interne qui refuse toute «ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays» et de «l'opposition externe, essentiellement basée à l'étranger, ayant des liens avec des régimes occidentaux plaidant pour une intervention internationale». Les membres de la mission ont souligné que la crise syrienne est devenue l'objet d'une «véritable guerre médiatique». Un autre témoignage rapporté affirme que personne n'a expliqué les tentatives du gouvernement syrien qui a annoncé un programme de réformes politiques pour anticiper une révolution comme les autres printemps arabes, comme aucun des médias internationaux ne couvre les manifestations de refus de l'intervention étrangère qui ont pourtant lieu régulièrement. «Al-Jazeera n'a fait que mentir de façon extrêmement révoltante et contribue directement à l'aggravation de la crise. Les incitations à la haine et aux affrontements interconfessionnels des médias arabes ont marché à Homs. La ville est tombée dans le piège des affrontements.» Le gouvernement syrien n'en est pas responsable. «Ce sont les médias et les religieux étrangers qui attisent la situation», selon les propos du leader des femmes sunnites syriennes, Hasma Kaftaro. La seule personnalité officielle à avoir été interrogée par les membres de la délégation était Adnan Mahmoud, ministre syrien de l'Information, lequel a affirmé que les médias internationaux «sont les acteurs les plus importants du conflit».