Le manque d'information et de formation du personnel médical fait que les personnes atteintes d'hépatite sont “laissées-pour-compte", a affirmé, hier, le professeur Saâdi Berkane, de l'EHS de Bologhine, au Forum d'El Moudjahid, à l'occasion de la Journée nationale de l'hépatite. “Les structures sanitaires refusent de prendre en charge les personnes ayant contracté une hépatite, du fait qu'il y a un manque de formation et d'information au profit du personnel médical", rapporte le Pr Berkane, soulignant que le constat est le même aussi bien chez le dentiste qu'à l'hôpital privé ou public. Même les femmes enceintes ont du mal à bénéficier d'une prise en charge, déplore-t-il. “Quand elles sont acceptées dans un hôpital, on les isole de crainte de contamination", a-t-il ajouté. Le professeur met en garde contre le risque d'une augmentation du nombre de cirrhoses et de cancers du foie, en l'absence d'infrastructures et de ce manque de formation. Pour sa part, le Pr Nabil Debzi, épidémiologiste au CHU Mustapha-Pacha, a soulevé le problème de la désinfection du matériel médical. “Les textes de loi existent en Algérie, mais dans la pratique, c'est autre chose. Les structures de santé manquent cruellement de matériel et sont toujours bondées de monde, et le personnel n'a pas toujours le temps de bien stériliser le matériel. Et cela peut comporter des risques sur le malade et le soignant", précise-t-il. D'un autre côté, le professeur fait savoir que la thérapie seule ne suffit pas, qu'il faut avoir les moyens pour en assurer le suivi. “Sans les études épidémiologiques, il est difficile de savoir le nombre de malades. Nous l'estimons à près de 1 300 pour l'hépatite C et à 500 pour l'hépatite B", note-t-il. Les invités du Forum d'El Moudjahid déplorent, par ailleurs, “l'absence" d'un dépistage des hépatites en Algérie chez la femme enceinte tout en relevant que “95% des sujets enfants ne guérissent pas et souffrent plus tard de plusieurs complications contrairement à l'adulte qui résiste biologiquement à cette maladie". Les professeurs appellent la tutelle à lancer une opération de rattrapage au profit des enfants nés avant 2003, année qui a vu l'intégration du vaccin des hépatites dans le plan national de vaccination. Le Pr Debzi reconnaît que la situation n'est pas si “catastrophique" du moment que le ministère a décidé de mettre en place des centres de référence ainsi que des centres de traitement pour les personnes atteintes d'hépatite C, ainsi que l'introduction dès cette année de la trithérapie, avec une rémission générale, qui concernera les malades qui ont résisté à la bithérapie et qui sont au nombre de 500. Le professeur justifie cette décision du fait du coup élevé de la prise en charge : environ 250 millions de centimes pour la bithérapie et le double pour la trithérapie. Pour ce qui est du vaccin contre l'hépatite B, le professeur a assuré qu'il est disponible à l'établissement où il exerce. D. S.