Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
SOS hépatites Algérie dénonce une gestion opaque et anarchique par le ministère de la Santé Des spécialistes plaident pour la création de 20 centres thérapeutiques
C'est un tableau peu reluisant sur la prise en charge des malades atteints d'hépatite qu'ont dressé hier les participants à la Journée nationale des hépatites virales organisée à l'hôtel Mercure, à l'initiative de l'association SOS hépatites Algérie. Le président de cette association, M. Abdelhamid Bouallag, a déploré l'absence d'intérêt de la part du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière pour le dossier de l'hépatite et les promesses restées lettre morte quant à l'amélioration de la situation des malades, notamment dans les wilayas les plus touchées par ce mal, qui prend de l'ampleur d'année en année, comme Tébessa et Batna.M. Abdelhamid Bouallag a dénoncé la gestion opaque et anarchique et le manque de coordination et de collaboration flagrant entre le ministère de la Santé, ses différents départements et les hôpitaux. Résultat, la situation ne peut qu'être catastrophique dont seuls les malades font les frais. Le docteur Tarfani, représentant du ministère de la Santé, a assuré que le ministère installera prochainement six PCR, une technique de biologie moléculaire qui permet le diagnostic des hépatites par la mise en évidence directe de séquences d'ARN du virus. La mise en place de ces PCR, pour la décentralisation de la prise en charge des malades, est prévue incessamment au centre, à l'est, à l'ouest et au sud du pays. Les derniers recensements de 2010 font état de 1 600 nouveaux cas d'hépatite B et de 1 200 d'hépatite C. Mais ces chiffres demeurent loin de la réalité. L'hépatite étant une maladie silencieuse, beaucoup de personnes ignorent qu'elles portent le virus. En fait, elles ne savent pas qu'il est possible de contracter l'hépatite par simple contact avec des instruments qui n'auraient pas été correctement stérilisés lors de certains actes médicaux, en particulier l'endoscopie, et de certaines pratiques telles que l'acupuncture, la mésothérapie, certains soins d'esthétique et dans les cabinets dentaires. Une instruction ministérielle oblige les chirurgiens-dentistes à se doter d'autoclaves pour la stérilisation de leur matériel, mais elle n'est pas appliquée. A ce propos, le Dr Tarfani a rappelé que le ministère de la Santé équipera les structures publiques de 6 000 autoclaves de type B. Quant aux cabinets dentaires privés, ils sont tenus de se conformer à la réglementation d'ici la fin de l'année. Les professeurs Saadi Berkane de l'hôpital de Bologhine et Nabil Debzi du CHU Mustapha, deux éminents spécialistes en hépatologie, n'ont pas mâché leurs mots, qualifiant la situation d'alarmante. Assurer la disponibilité des médicaments, améliorer la prise en charge des malades, garantir la formation des personnels de santé… sont autant de points sur lesquels ils ont insisté. «La situation ne peut plus durer ainsi, le ministère de la Santé est appelé à l'améliorer sérieusement», a martelé le professeur Berkane. «Beaucoup de malades rechutent faute d'une bonne prise en charge», a-t-il déploré. Enchaînant sur le même ton, le professeur Debzi dira : «Cela fait des années que nous avons proposé la création de 20 centres thérapeutiques mais des lobbies à l'intérieur même du ministère de la Santé ne veulent pas travailler dans la transparence, ils veulent préserver leurs intérêts… On ne peut plus continuer ainsi à dilapider l'argent de l'Etat.» Notons, enfin, que SOS hépatites Algérie, qui existe depuis 2003, continue de mener un combat acharné sur le terrain pour sauver des vies et permettre aux malades, même dans les zones les plus enclavées, de bénéficier de soins nécessaires dans la dignité. Cette association a par ailleurs saisi l'occasion pour honorer des journalistes des radios locales et de la télévision. Dans ce cadre, des journalistes ont été primés, dont Hafida Rezzig, pour son reportage diffusé dans son émission «Guide médical». A. B. Ce qu'il faut savoir : l Les hépatites A, B et C sont les hépatites virales les plus fréquentes. l L'hépatite A se transmet par la consommation d'eau non potable, d'aliments contaminés par de l'eau souillée ; elle se transmet aussi par les selles. Elle guérit presque toujours spontanément, en quelques semaines. Un vaccin permet de s'en protéger. l L'hépatite B se transmet par le sang et les relations sexuelles. Elle guérit spontanément dans 90% des cas ; dans les 10% restants, elle devient chronique et peut parfois entraîner une cirrhose ou un cancer du foie. Un vaccin permet de s'en protéger. En Algérie, il est obligatoire chez les nourrissons, mais il fait l'objet de pénuries récurrentes. Un projet Saidal, en partenariat avec les Cubains, pour la fabrication de vaccins contre l'hépatite B avait été annoncé depuis des années par les pouvoirs publics. l L'hépatite C se transmet par le sang. Elle guérit spontanément dans 20% des cas ; dans les 80% restants, elle devient chronique. Dans sa forme chronique, elle peut entraîner des complications graves qui apparaissent très longtemps après la contamination. Il n'existe pas encore de vaccin.