La zaouïa Touhamia d'Adrar devait abriter jeudi et vendredi une rencontre regroupant les chefs de tribu arabes et azawad du nord du Mali, en vue de sauver l'accord d'Alger signé en décembre dernier par les factions belligérantes. Une quarantaine de chefs de tribu étaient présentes à cette rencontre qui a débuté tard dans la soirée de jeudi au sein de la zaouïa Touhamia. La présence du président de l'Union pour la démocratie et les libertés (UDL), Dhouifi Amar Saïfi, qui affirme être l'initiateur de la rencontre, et qui avait tenu un discours qui n'était pas du goût des présents, avait failli faire capoter la rencontre, lorsque les chefs de tribu lui ont fait savoir qu'ils étaient là par respect au cheikh Touhami qu'ils respectent et dont ils reconnaissent l'autorité morale. Il aura fallu toute la sagesse du cheikh Touhami pour détendre, un tant soit peu, l'atmosphère. Pour rappel, cheikh Moulay Touhami est membre du Haut-Conseil islamique et jouit d'un grand respect dans la région du Touat et au-delà, notamment auprès des tribus arabes du nord du Mali. Parmi les présents figure le cheikh Ben Hamada Ben Mimoun Benhamdi, chef de zaouïa à Gao et Sultan de tribu de trois régions dans l'Azawad que sont Tombouctou, Gao et Agadès. Il affirme qu'Ansar Eddine et le mouvement de libération de l'Azawad sont prêts à cesser les combats et à entamer des négociations avec les autorités maliennes, à condition qu'il y ait des garanties algériennes. Cheikh Ben Mimoun se trouve à Adrar depuis la semaine dernière pour prendre part à la rencontre de réconciliation entre les parties belligérantes au Mali. La rencontre devait dépasser le difficile préalable posé par Ansar Eddine et les groupes armés qui veulent imposer la charia au nord du mali, tandis que le mouvement Azawad s'y oppose. Selon cheikh Touhami, cette rencontre fait partie des efforts consentis par les autorités algériennes en vue de réunir les mouvements des rebelles au nord du Mali et l'isolement des groupes terroristes. Selon Moulay Touhami, la plupart des éléments d'Al-Qaïda engagés au nord du Mali sont originaires de Ouargla, Ghardaïa et El-Goléa. Il consent que cette rencontre fait suite à une demande des autorités algériennes qui avaient facilité la signature, le mois dernier de l'accord d'Alger. Cependant, la rencontre préliminaire de la soirée de jeudi n'a pas permis de dépasser l'écueil de la paternité de l'initiative. Du coup, la rencontre officielle qui devait se tenir vendredi a été purement et simplement annulée. L'UDL en a décidé ainsi. Dans un communiqué distribué à la presse, le secrétaire général de l'UDL n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour accuser Moulay Touhami d'avoir sabordé la rencontre, lui reprochant d'y avoir convié des parties non concernées par l'objet de cette rencontre, mais aussi par la présence de terroristes repentis des wilayas de Ouargla et d'Illizi. Il regrette l'absence des représentants du gouvernement malien et ceux du mouvement Azawad, ainsi que ceux d'Ansar Eddine. Dhouifi Amar fustige “les comportements irresponsables du cheikh Moulay Touhami" qui aurait invité des repentis ainsi que des trabendistes. L'UDL a , donc, décidé de geler et d'exclure Cheikh Moulay Touhami de la délégation de la réconciliation nationale malienne, et lui interdit toute déclaration ou toute activité concernant ce dossier. Au-delà de l'échec de cette rencontre et des conflits de représentativité, il y a lieu de se poser des questions sur le sérieux des personnes ayant conduit cette opération. Comment, en effet, un dossier aussi sensible que le conflit malien a pu être confié à des personnes aussi controversées ? Comment l'UDL a pu s'en saisir ? Comment Cheikh Moulay Touhami a pu s'en accaparer ? Les autorités algériennes ont-elles, réellement, donné leur accord à une telle initiative ? Ou ont-elles, tout simplement, été induites en erreur par des amateurs qui en ont fait un fonds de commerce ? A. B.