Avec seulement quatre séances d'entraînement dans les jambes, conséquence directe d'une grève des entraînements enclenchée durant la trêve hivernale, le Mouloudia d'Oran a quand même triomphé à Béjaïa, s'offrant dans le huis clos du stade de l'Unité Maghrébine un précieux succès qui lui permet de rêver à un maintien moins difficile à assurer. Ce succès porte indéniablement la griffe du revenant entraîneur Si Tahar Cherif El-Ouazzani qui a réussi, en un laps de temps relativement court, un vrai petit miracle à l'oranaise en transformant un effectif en manque criant de préparation physique en un groupe capable de relever le défi de s'imposer chez le cinquième du classement général. Pourtant, de cette sortie qui semblait à hauts risques à Béjaïa, Cherif El-Ouazzani ne cachait aucunement ses peurs. Peur de récolter une casserole, peur de voir le public se retourner contre lui, peur de ces versatiles dirigeants-appuis capables de lui savonner la planche, peur de ne pas “réussir" autant que son prédécesseur qui lui a “légué" l'équipe hors de la zone des relégables : autant d'appréhensions qui pouvaient transformer ce retour à la maison en un véritable cadeau empoisonné. Mais surmontant la difficulté de composer sans la recrue hivernale de renom en la personne de Hocine Achiou, non qualifié en raison du veto fédéral de la CRL et s'accommodant de l'inefficacité chronique de la direction de Larbi Abdelilah et de Hassan Kalaïdji, incapables de la moindre réservation par avion et obligeant la délégation mouloudéenne à parcourir la distance entre Oran et Béjaïa par route, Si Tahar Cherif El-Ouazzani a su mobiliser son groupe, le transcender et le responsabiliser à même de réussir cet hold-up parfait au pays des Hammadites. L'incorporation de Sebbah Zine El-Abidine comme milieu défensif, la sanction infligée au boudeur Sid-Ahmed Aouedj de rester sur le banc jusqu'aux ultimes minutes de la rencontre ainsi que la confiance réaccordée à Hichem Cherif sont, également, quelques “touches personnelles" apportées par le revenant entraîneur au onze classique, de manière à “permettre à l'équipe de mieux s'exprimer et de surprendre son adversaire". “C'est un très bon début, mais je sais que le plus dur est encore à venir et reste encore à faire", soulignait, humblement mais lucidement un Cherif El-Ouazzani conscient du miracle qu'il a su provoquer, mais qui ne s'est jamais dépourvu de son coutumier réalisme. R B