Assaut ou pas assaut ? La question était jeudi au cœur des débats sur les plateaux de télévision, les réseaux sociaux. Vrais spécialistes mais aussi vrais-faux spécialistes d'ici et d'ailleurs faisaient assaut d'arguments qui pour expliquer, qui pour justifier, qui pour condamner l'option militaire. Analyse. Mais ce choix, comme l'a expliqué le ministre de la Communication jeudi, a été finalement imposé par les ravisseurs eux-mêmes. “Toutes les dispositions ont été prises dans le souci de préserver les vies humaines et d'aboutir à un dénouement heureux mais, a-t-il dit, le jusqu'au-boutisme des terroristes" a conduit à cette opération militaire. En effet, toute la journée de mercredi et toute la matinée de jeudi, soit plus de 60 heures d'efforts de négociations, y compris par le biais des notables de la région n'ont pas réussi à convaincre les terroristes. Ils voulaient bien partir, mais avec les otages dans leurs 4x4 ! La ficelle est trop grosse pour être acceptée par l'Algérie dont l'autorité était, à ce moment-là précis, mise dans la balance, sous les yeux du monde entier. La décision devait être prise, car c'était une course contre la montre et toute tergiversation, lorsque les intentions des terroristes identifiées, était une fenêtre ouverte à des velléités d'ingérence étrangère pour chercher à imposer leur propre scénario. N'était-ce pas le cas avec cette “injonction" du Premier ministre japonais “à cesser immédiatement l'assaut" ou encore les états d'âme de Mme Clinton qui s'offusquait de ne pas être mise au parfum de l'opération militaire. C'est, paradoxalement, dans la classe politique française, pourtant historiquement critique vis-à-vis de l'Armée algérienne, qu'on a noté une sorte de retenue dans les éléments de langage pour commenter l'intervention de l'armée. Un soutien à demi-mot qui n'est pas tout à fait désintéressé. Et pour cause ! Le choix de la force, comme ultime option, est inscrite au demeurant dans la doctrine de l'Armée algérienne qui s'est forgée (la doctrine) tout au long des années de lutte contre le terrorisme. Une lutte à valeur d'expertise qui permet aujourd'hui face à des situations aussi complexes et aussi difficiles que cette prise d'otages de choisir les méthodes les plus pertinentes. Et ce n'est pas une spécificité algérienne. Qu'on se souvienne de la prise d'otages de Beslan, le 1er septembre 2004. Encore que, dans ce cas, les 117 victimes étaient des citoyens russes. La comparaison est “plus raison" avec les attaques terroristes de Bombay en novembre de 2008. L'armée indienne avait alors donné l'assaut qui s'était soldé par 173 morts dont 26 ressortissants étrangers. C'est dire que des “modus operandi" s'imposent d'eux-mêmes face à des scénarios comme celui d'In Amenas. Et d'ailleurs, la plupart des experts militaires, invités sur les plateaux, convergeaient dans leurs analyses en approuvant la décision des autorités militaires de donner l'assaut. Les hommes politiques qui trouvaient à redire faisaient dans la “com" pour ne pas heurter leurs opinions publiques, comme le relevait sur BFM, à juste titre, un ancien des anciens des services français. “S'ils avaient laissé filer les terroristes avec les otages étrangers, on aurait certainement fait les mêmes reproches aux autorités algériennes", poursuivait-il, considérant que “dans ce cas de figure des choix s'imposent". Et le choix de l'Algérie pour obtenir le dénouement de cette prise d'otages est un choix qui est aussi et surtout un message de fermeté en direction des terroristes qui auraient des velléités de récidiver sur le territoire algérien. O. O