En déclarant que «faute de consensus entre les partis, je vais présenter une équipe remaniée à l'Assemblée», le chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jebali, a scellé le sort de la troïka gouvernante. Tunis De notre correspondant Comme attendu, les dernières tractations n'ont pas abouti à un compromis au sein de la troïka autour du remaniement ministériel. Les surenchères des partis politiques la composant ont empêché la troïka gouvernante de parvenir à un consensus autour du remaniement ministériel, dont les tractations ont commencé depuis plus de sept mois. Hamadi Jebali n'a finalement fait hier que constater l'échec de la troïka, aussi bien dans la réalisation des objectifs de la révolution durant plus d'une année de gouvernance, que dans le traçage de perspectives communes pour l'avenir proche. Faute de consensus sur une équipe gouvernementale au sein de la troïka, M. Jebali va faire son propre choix et proposer un gouvernement remanié à l'Assemblée nationale constituante. «Je vais assumer mes responsabilités dans la décision. La situation ne peut attendre», a-t-il affirmé. Il reste alors à voir si les noms choisis auront la confiance de l'assemblée. M Jebali déclare donc qu'il va faire cavalier seul devant l'Assemblée. Il n'a certes pas annoncé explicitement la fin de la troïka. Mais le contenu de son discours et de ses décisions allait dans ce sens. La presse n'a pas omis de poser à M. Jebali cette question sur l'avenir de la troïka. Toutefois, le chef du gouvernement prudent n'a pas vraiment répondu. Il a plutôt expliqué «le besoin de s'entendre sur un programme et des mécanismes pour l'appliquer». «Le gouvernement actuel ne dispose donc pas dudit programme et desdits mécanismes», observe le porte-parole du parti Massar, Samir Taïeb. Pour cet universitaire, membre de l'Assemblée nationale constituante, il s'agit en effet de la déclaration d'enterrement de la troïka. «Comment peut-on comprendre autrement les choses, alors que Hamadi Jebali va proposer une équipe gouvernementale qui n'a pas l'aval de la coalition actuelle ?», s'est-il interrogé. Hamadi Jebali a certes garni son discours de propos prometteurs concernant le besoin de tenir des élections dans les six mois à venir. Il a également assuré «le peuple» de sa disposition à former les instances indépendantes des élections, des médias et de la magistrature. «Mais comme il ne cesse de répéter ces promesses depuis son premier discours devant l'ANC, il y a plus d'une année, il n'y a pas de raison pour le croire aujourd'hui ses dires», ajoute Samir Taïeb. M. Jebali a conclu son discours en indiquant que «le programme du prochain gouvernement doit s'intéresser au développement, la sécurité, l'emploi, la hausse des prix, ainsi que la tenue rapide des prochaines élections». «Ces propos me rappellent son discours d'investiture. Le gouvernement n'a finalement rien fait dans ces domaines qui constituent les axes de son programme», conclut Samir Taïeb.