Résumé : Quelque chose s'était passé. Je me retrouve dans une chambre d'hôpital. Je me rappelle de la manifestation. J'étais visée, me dit Youcef. Mais je ne comprenais pas pourquoi. J'étais pourtant neutre dans mes idées. Je me rendis compte qu'on aurait pu m'assassiner. Une douleur me fera prendre conscience de mon état. Mon crâne était entouré de bandages. Youcef reprend -Cette fois-ci, c'était juste une bouteille en verre. La prochaine fois, je ne te garantirais rien. -Arrête Youcef. Je ne suis pas morte. Je ne vais pas courber l'échine devant des imbéciles. -A ta guise. Ma mère me tenait toujours la main. Mon frère, atterré, me regardait sans pouvoir prononcer un mot. Ma belle-mère s'approche du lit et lance d'un air hautain : -Lorsqu'une luciole s'approche trop de la lumière, ses ailes prennent feu. Sans me laisser le temps de répondre, mon beau-père toussote : -Il faudrait peut-être faire un peu plus attention la prochaine fois. Mehdi a encore besoin de toi. Mehdi ! Mon fils... Il me manquait tant ! Je me retourne vers mon mari : -Où est Mehdi. ? -A la maison. Où veux-tu qu'il soit ? Il est avec la nurse. -Quelle heure est-il ? -17h30. -Il est aussi tard ? -Tu as bien sûr perdu la notion du temps. Nous sommes là depuis 13h à attendre que tu reprennes connaissance. -Tu veux dire que j'ai été “absente" durant plus de quatre heures ? -Nous n'étions même pas sûr que tu allais te réveiller, avec un tel traumatisme crânien. On a dû te faire un scanner afin de vérifier si le cerveau n'était pas atteint. Je n'en revenais pas. Il s'était passé tant de choses, et moi j'étais ailleurs. Et puis, cette manifestation, ce n'était pas moi qui l'avait organisée. Je n'étais qu'un outil médiatique là-dedans. Ce n'était peut-être pas ça aussi qui avait provoqué mon agression. Disons que c'étaient plutôt mes idées libératrices. Les gens n'étaient pas tous du même avis, et parfois ils le font savoir à leur manière. C'était le prix à payer pour se maintenir à flot. Que pouvais-je faire d'autre ? Je suis censée me conduire comme une femme intellectuelle. Alors comme tous les intellectuels je dois subir le revers de la médaille, et cette fois-ci, pour une cause réellement juste. Je ne faisais que suivre des actions qui peuvent promouvoir les droits de la femme, et lui redonner sa place dans une société qui ne voulait pas encore reconnaître tous ses droits. Un jour l'histoire retiendra tout ça. -Alors, tu veux rentrer ou rester ? -Rester où ? Ici dans cet univers froid et silencieux ? Oh non, merci ! Je veux rentrer à la maison et serrer mon fils dans mes bras. -Bien. Je vais prévenir le médecin. On voulait te garder davantage en observation, mais vu tes réactions impulsives et ton entêtement, je crois que cela s'est davantage embrouillé dans ta tête. Cela ne sert à rien de te faire des scanners ou autre chose. Tu ne changeras jamais ! -Jamais ! Tu as dû le comprendre depuis longtemps Youcef. Je revins à la maison. Mon mari m'avait conduite illico presto dans ma chambre avant de redescendre pour se faire servir mon ordonnance chez le pharmacien du quartier. Ma mère voulait nous accompagner, mais je l'en avais dissuadée. Je voulais me retrouver seule, avec mon mari et mon fils. Je me languissais de Mehdi. Le temps m'avait paru interminable. La nurse venait de partir. Mon fils jouait sur le tapis de sa chambre. A ma vue, il affiche son sourire habituel et me tendit les bras. Malgré mon “turban" blanc, il m'avait reconnue. J'étais sa mère, et un enfant ne pouvait ne pas reconnaître sa maman, ne serait-ce qu'à son odeur. -Bébé. Oh combien tu m'as manqué ! Je le serre contre moi, et il se met à battre des mains. (À suivre) Y. H.