La Gendarmerie nationale vient de finaliser une étude sur la criminalité dans la capitale dont il ressort que la délinquance, notamment parmi les mineurs, constitue un des débouchés de la scolarité. Il y est consigné que 1 110 arrestations effectuées en 2012 à Alger parmi les élèves exclus du collège, et 378 parmi les exclus du primaire. Dans la même année et dans la même wilaya, il a aussi été établi que 1 637 anciens élèves du primaire (671), du moyen (843) et du secondaire (123) ont été impliqués dans des crimes et délits. Inquiétant ! Pourtant l'administration scolaire fait tout pour réduire le taux d'échec. Il est vrai que, pour l'instant, elle n'a pas trouvé mieux que de “s'adapter" à la baisse tendancielle du niveau de connaissance, normalement exigé pour le passage à chaque palier de l'échelle scolaire. L'année dernière, le taux de réussite à l'examen dit de “sixième" était, à Alger, de plus de 90%. Et cela, sans compter le nombre d'élèves “admis... à redoubler". Ce qui n'a pas empêché l'école de répandre de petits délinquants et criminels de niveau primaire : pour l'année dernière seulement, ils furent, donc, 671 de ces petites canailles à se manifester. Heureusement que le ministère a purement et simplement décidé de “donner" le baccalauréat aux élèves de fin de secondaire, en circonscrivant les sujets possibles d'examen à quelques cours parmi ceux professés durant l'année de terminale. D'ailleurs, ils l'ont bien compris, les élèves, que l'enjeu était plus politique et sécuritaire que pédagogique : ils réclament que les limites du programme “examinable" soient encore resserrées ! L'Ecole algérienne aura réussi la gageure consistant à se défaire de son substrat scientifique, mais aussi celle consistant à se délier de sa mission éducative, au sens premier du terme. L'on “comprend" que le pouvoir ait toujours eu à cœur de sacrifier la mission scolaire de formation de la raison : le principe est de maintenir la masse à un niveau d'expression pavlovienne, la dénuant alors de faculté de réflexion, pendant que les enfants du sérail, eux, raffinent leurs connaissances, et leurs capacités conceptuelles, dans des écoles de l'Occident financées par le budget de l'Etat. Mais l'on comprend moins que ce même pouvoir ait, aussi, dépouillé l'Ecole de sa fonction d'éducation morale et civique ! Dès le début des années 1990, l'Ecole, à tous ses niveaux, fournissait déjà les personnels des premiers adeptes de la violence islamiste. À commencer par leurs prédicateurs en chef, le professeur de collège, Ali Belhadj, et le “professeur d'université", Abassi Madani. Plus tard, en avril 2006, “réconciliation nationale" oblige, Benbouzid, gêné aux entournures, et évoquant la question de la réintégration des enseignants terroristes, disait pudiquement : “Je ne peux vous donner le nombre exact des enseignants qui ont été licenciés dans ce cadre, mais, selon mes informations, il y a environ 300 employés de l'éducation nationale. Toutefois, je vous informe que l'école n'accepte jamais ceux qui lui ont fait du mal." Difficile de croire que le ministre ignorait alors le nombre d'enseignants partis au maquis ! Cela dit, l'on n'a assurément pas encore mesuré tout le mal qu'aura fait l'Ecole au cours de toutes ces décennies de décadence pédagogique programmée. M. H. [email protected]