Les services de la gendarmerie et de la police sont en alerte maximum concernant le vol de pièces archéologiques qui talonne en ce moment de près le trafic de drogue. Les brigades de lutte contre le trafic des biens culturels ont d'importantes prises à leur actif. Les éléments de la Gendarmerie nationale ont ainsi pu mettre hors d'état de nuire, durant les 11 dernières années, 176 réseaux de trafic d'objets antiques et réussi à récupérer 11 000 pièces volées. Pour la seule année 2011, les gendarmes ont arrêté 27 trafiquants dans le cadre de 23 affaires traitées qui ont permis la récupération de 278 pièces archéologiques dont des ivoires, stèles funèbres, pièces préhistoriques, armes antiques, pièces de monnaie, chapiteaux et mosaïques. Autant d'objets estimés à des dizaines de milliards de dinars. La connexion entre le trafic de drogue et de pièces archéologiques est parfois bien établie. Le 26 janvier de l'année en cours, les services de police de la wilaya de Tébessa ont appréhendé un trafiquant armé d'un sabre s'apprêtant à conclure une transaction, dans un café du centre-ville, en possession d'une quantité de résine de cannabis et deux pièces de l'époque romaine. Les services de police, qui ont traité, entre 2008 et 2011, 53 affaires et saisi 636 pièces archéologiques, viennent de renforcer leur réseau de traque par 16 bridages spécialisées activant de manière particulièrement intense dans des wilayas telles que Tipasa, Sétif, Batna, Guelma, Souk-Ahras, Tébessa, Khenchela, Annaba ... parce que considérées comme les plus riches sites archéologiques de l'époque romaine, numide et phénicienne. Tous les moyens sont bons. Les gendarmes du regroupement de Souk-Ahras, habillés de tenue civile, se proposant d'acheter la marchandise, pour arrêter, en novembre dernier, le gardien du site de Khemissa, en possession de 14 pièces remontant au IVe siècle avant Jésus-Christ. Ces réseaux de trafic possèdent des extensions à l'étranger leur permettant d'écouler les pièces volées. En Europe, mais aussi dans les pays limitrophes. Le gardien du site de Khemissa tentait, par exemple, de faire passer les objets dérobés en Tunisie qui semble être une destination privilégiée pour ce genre de traite, à côté du Maroc. Le masque de Gorgone, volé en 1996 du site antique d'Hippone (Annaba), dans l'Est algérien, a été retrouvé à l'intérieur de la maison de Sakhr El-Materi, gendre du président tunisien déchu, Zine Al-Abidine Ben Ali. Il a été authentifié récemment par un groupe d'experts du ministère de la Culture envoyés en mission dans ce pays. Ce masque en marbre blanc a été trouvé en 1930, lors des recherches menées par l'équipe de l'archéologue français, Choupaut, aux abords du forum de l'antique Hippone Regius. Au pillage de sites historiques et de pièces de musée, s'ajoute la prolifération de fouilles clandestines menées par des pilleurs professionnels, ne prenant aucune précaution pour éviter la dégradation des sites en question. Les éléments de la gendarmerie ont découvert déjà une quinzaine de sites archéologiques fouillés clandestinement et la liste reste ouverte. N H