Lui ayant permis une légère remontée dans les sondages d'opinion, où il était en chute libre, le patron de l'Elysée n'a pas raté l'occasion de tirer profit de sa guerre au Mali en rendant visite à ses troupes sur place. Devant le succès des forces françaises qui ont repris, avec les troupes maliennes, les villes principales du nord, à savoir Gao, Tombouctou et Kidal, le président François Hollande s'est rendu hier au Mali dans le but évident de tirer les dividendes de cette opération. Il n'a pas manqué de parader à Tombouctou, où il a été accueilli avec ferveur par la population de cette ville emblématique du nord du Mali. Accompagné du président malien par intérim Dioncounda Traoré, il a visité une mosquée historique, le centre de conservation de précieux manuscrits anciens, dont certains ont été incendiés par les islamistes, et rencontré la foule. Sur la place principale de la ville, en partie désertée par ses habitants ayant fui l'occupation jihadiste, entre 2 000 et 3 000 personnes étaient rassemblées pour “dire merci" à la France, dansant au son des tam-tam, qui étaient interdits par les groupes islamistes, comme toute autre forme de musique. Pour assurer la sécurité de François Hollande, la ville de Tombouctou, qui est située à 900 km au nord-est de Bamako, a été placée sous très haute surveillance. Ainsi, des militaires français ont été en position tous les 100 m, des blindés patrouillent dans les rues, ainsi que des pick-up remplis de soldats maliens. Al-Qaïda au Maghreb islamique et Ansar Eddine, qui ont occupé Tombouctou pendant dix mois, y ont commis de très nombreuses exactions au nom d'une interprétation rigoriste de la charia : amputations, coups de fouet aux couples “illégitimes", aux fumeurs. Ils ont imposé le port du voile intégral aux femmes, interdit la mixité dans les écoles, le football, la danse et la musique. Ils ont également choqué le monde en détruisant des mausolées de saints musulmans adulés par les populations locales, assimilant cette vénération à de “l'idolâtrie". Ils ont fait disparaître des manuscrits précieux, datant de plusieurs siècles, conservés dans cette ville qui a longtemps été un grand centre intellectuel de l'islam et une prospère cité caravanière à la lisière du Sahara. Avant de rallier Tombouctou, le président Hollande avait été accueilli à Sévaré par le président Traoré. Dans une déclaration, il a affirmé que l'action de la France au Mali n'était “pas terminée", mais que les pays africains allaient bientôt “prendre le relais", au cours d'une visite dans la cité emblématique de Tombouctou, dans le nord du Mali. “Depuis le 11 janvier, nous avons déjà accompli beaucoup de travail, il n'est pas encore complètement terminé. Cela va prendre encore quelques semaines, mais notre objectif est de passer le relais", a déclaré le président français. “Nous n'avons pas vocation à rester : nos amis africains vont pouvoir faire le travail qui était le nôtre jusque-là", a-t-il ajouté. “Il n'y a pas de partie du Mali qui doit échapper au contrôle de l'autorité légitime", a-t-il également souligné. François Hollande a aussi dénoncé, lors de sa visite à Tombouctou, la “barbarie" des groupes islamistes armés qui ont occupé pendant des mois le nord du Mali, multipliant les exactions. “Il y a vraiment une volonté d'anéantir. Il ne reste rien", a-t-il constaté en visitant avec l'imam de la grande mosquée de Tombouctou deux mausolées de saints musulmans détruits par les jihadistes. De son côté, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a remercié les soldats français pour leur “efficacité" et leur “professionnalisme", qui ont permis de libérer la population du nord du Mali qui a vécu “sous la barbarie et l'obscurantisme pendant des mois et des mois". M T