François Hollande a assuré les Maliens que la France resterait à leurs côtés “le temps qu'il faudrait" lors d'une visite éclair au Mali, trois semaines après le début de l'opération Serval menée contre les djihadistes du nord du pays. Le président français s'est offert un bain de foule à Gao et Tombouctou, villes du Nord, récemment reprises aux groupes d'Aqmi, Ansar Eddine et Mujao par les forces françaises et maliennes, avant de rejoindre la capitale Bamako. Partout, les Maliens ont remercié “papa Hollande" qui ne s'est pas contenté d'une simple “visite des popotes". L'occasion certes pour le chef de l'Etat français de faire le point sur l'avancée de ses troupes, vingt-deux jours après le début de l'opération reconquête du Nord-Mali Serval, mais également et surtout pour redire son intention de passer le relais aux troupes africaines de la Cédéao dont la mise en place traîne encore en longueur. Paris est d'autant plus pressé de voir les soutiens internationaux, africains, européens et américains affluer, qu'Hollande en personne a voué que la partie est, cependant, loin d'être définitivement gagnée. “Oui le terrorisme a été repoussé, oui il a été chassé, mais il n'a pas encore été vaincu", a déclaré le président français sur la place de l'Indépendance de Bamako. Une réponse à l'optimisme de son hôte, le président malien par intérim qui a énuméré devant la foule surexcitée les victoires des troupes françaises et maliennes en lançant “Diabali est libre, Gao est libre, Tombouctou est libre et le reste suivra". Le président malien, enthousiaste, a même annoncé la fin des combats pour avant le 31 juillet 2013, date de l'élection présidentielle au Mali, un calendrier que François Hollande s'est bien gardé de confirmer. Pour lui, “après les trois grandes villes emblématiques, Tombouctou, Gao et Kidal, c'est tout le Nord-Mali, région entièrement passée sous le contrôle des groupes djihadistes en juin 2012, qui doit être repris". François Hollande a implicitement annoncé que les forces françaises poursuivront la traque contre les djihadistes jusqu'à l'Adrar Ifogara dans l'extrême nord-est du pays où se seraient réfugiés plusieurs chefs djihadistes mais pour cette dernière étape, la France souhaite ne plus être seule sur le terrain des opérations. “La France n'ayant pas vocation à rester au Mali", ce sera bientôt aux forces africaines de prendre le relais et de poursuivre les combats au Nord-Mali, a répété François Hollande. Mais elle restera “le temps qu'il faudra, c'est-à-dire le temps que les Africains eux-mêmes prendront (...) pour nous remplacer", a-t-il insisté, tout en assurant que d'ici là elle se battra “jusqu'au bout, jusqu'au Nord-Mali". Pour l'instant, ces forces africaines, réunies au sein de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) sous l'égide de l'ONU, compte environ 3 600 soldats au Mali 1 400 soldats ouest-africains (béninois, burkinabés, ivoiriens, togolais, ghanéens, nigériens, sierra-léonais et sénégalais issus de la Cédéao) et 2 200 Tchadiens. Cinquante-trois ans après l'indépendance du Mali, le président français a comparé la lutte contre les groupes islamistes armés à “une nouvelle guerre d'indépendance" pour l'ancienne colonie française. “Votre pays va connaître une nouvelle indépendance qui ne sera plus cette fois la victoire sur le système colonial mais la victoire sur le terrorisme, sur l'intolérance et sur le fanatisme, voilà votre indépendance !". D. B