Paris, qui juge implacable la lutte contre le terrorisme, ne veut pas, cependant, se substituer à l'action africaine menée sous l'égide de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) pour combattre l'internationale terroriste et reprendre le contrôle du nord occupé depuis plus de 9 mois par les affidés d'Al Qaïda rêvant de la talibanisation de cette région névralgique du Sahel. La profession de foi de François Hollande, qui se donne « le temps nécessaire pour que le terrorisme soit vaincu dans cette partie de l'Afrique », sollicite un partenariat actif de la Cédéao appelée à fournir, « sans plus tarder », les troupes nécessaires pour donner l'assaut final au nord. Soit, en plus des 1 700 soldats français mobilisés (2 500 à terme), le contingent de la Misma, estimé à 5 500 constituant les 3 300 soldats initialement prévus qui seront renforcés par les 2 000 militaires de l'armée tchadienne présentée comme la plus aguerrie, la mieux adaptée et foncièrement performante. Pour le moment, la machine tarde à trouver sa vitesse de croisière : une centaine seulement de soldats togolais et nigérians, présents à Bamako, et une trentaine de Béninois en route vers la capitale malienne. Face à une armée malienne sous-équipée et désorganisée, le défi terroriste impose, selon les termes de l'appel lancé au sommet extraordinaire d'Abidjan, « un engagement plus large autour de la France et de l'Afrique ». Le syndrome de l'isolement international, voire l'enlisement, est très vivace dans l'esprit de la France qui entend favoriser la « fédéralisation » de la riposte africaine et de la défense européenne. C'est de cela qu'il s'agit. Le message du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, énonce clairement la limite prescrite à la France qui ne « compte pas s'éterniser ». Une défense européenne commune reste une chimère nettement exprimée par le refus du déploiement des troupes au sol, confirmé dans une conférence de presse conjointe, aussi bien par le secrétaire d'Etat à la Défense, Léon Panetta, que par son homologue britannique, Phillip Hammond. Les difficultés d'une action commune se confirment sur le terrain des opérations. L'Allemagne privilégie le soutien logistique et financier, en prévision de la prochaine réunion des donateurs qui aura lieu à Addis Abeba, le 29 janvier. Moscou, qui sort de sa réserve, propose de contribuer à l'acheminement des troupes françaises au Mali. « Tous ensemble vers Gao, Tombouctou et Kidal », a lancé le président intérimaire, Diacounda Traoré, promettant de « gagner la guerre contre l'international islamiste ». La marche pour la reconquête du nord est enclenchée. Le verrou stratégique de Konna, la ligne de démarcation par laquelle l'agression terroriste a commencé, a sauté. L'armée malienne est aux portes de Diaballi (360 km de Bamako). La progression des forces régulières françaises vise le contrôle des villes de Niono (270 km) et Sévaré (630 km), a indiqué, hier, le lieutenant-colonel Emmanuel Dosseur, porte-parole à Bamako de l'opération Serval. Ce qui va permettre de mener des opérations vers le grand Nord du Mali et, en définitive, déloger les terroristes de leur sanctuaire repliant plus au Nord, à Kidal précisément d'« accès difficile ». L'étau se resserre avec la « montée en puissance » de l'armée française effectuant 110 sorties aériennes. Le compte à rebours a-t-il commencé ? A Gao, un responsable salafiste, accusé d'interprétation rigoriste de la charia, a été lynché par la population locale. A Bamako, les communautés arabe et touarègue ont dénoncé les « exactions » dont elles ont été victimes, après la retraite des djihadistes des villes, reprises par l'armée malienne.