Le parquet de la République près la cour d'Alger a, en date du 10 février, par le biais d'une réquisition supplétive, requis le juge d'instruction en charge du dossier l'élargissement du champ d'investigations. Rebondissement dans l'affaire Sonatrach : à la suite de la publication, par les médias algériens et étrangers, des faits révélés lors du procès, en Italie, des dirigeants de Saipem et la divulgation des noms des personnes impliquées dans ce grand scandale de corruption, la justice algérienne vient de réagir, en décidant d'étendre le champ d'investigation à ces nouveaux faits. Le parquet général près la cour d'Alger, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, estime réagir suite à la publication par les médias algériens et étrangers d'articles sur “des affaires pénales et plus précisément de corruption impliquant des responsables lors de l'exercice de leurs fonctions au sein des institutions de l'Etat". Pour le parquet général, “les faits ainsi révélés sont en relation avec l'information judiciaire déjà ouverte auprès du pôle pénal spécialisé de Sidi-M'hamed dans l'affaire de Sonatrach 2". Mieux encore, et là c'est une première, “le parquet de la République près de la même juridiction a, en date du 10 février, par le biais d'une réquisition supplétive, requis le juge d'instruction en charge du dossier l'élargissement du champ d'investigations à ces faits nouveaux rapportés par les différents organes de presse". Ce rebondissement dans l'affaire Sonatrach risque, donc, d'éclabousser des personnes jusque-là épargnées par l'enquête, à commencer par l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, mais aussi le fils de Mohamed Bedjaoui, qui aurait servi d'intermédiaire. L'enquête italienne, après avoir éclaboussé les cadres de Saipem, dont le patron a été obligé de démissionner, touche à présent les dirigeants du géant italien Eni, actionnaire à 49% dans Saipem. La commission touchée par les hauts responsables algériens s'élèverait à 197 millions d'euros, pour l'obtention d'un marché de plus de 11 milliards de dollars. Pour rappel, le P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, ainsi que son fils qui avait bénéficié d'un contrat de prestation avec Saipem ont été les premiers à passer la trappe. Mais le scandale était tellement gros que l'opinion publique se demandait pourquoi n'avait-on jamais inquiété le ministre de l'époque, Chakib Khelil ? Réputé proche du cercle présidentiel, même s'il est tombé en disgrâce ces derniers temps, notamment depuis son éviction du gouvernement, l'ancien ministre n'a jamais été inquiété et n'a jamais cru bon de dire sa version des faits. Sera-t-il contraint de le faire devant un tribunal algérien ? Attendons pour voir. A B