La réforme du marché financier algérien se poursuit à tout petits pas. Il y aura deux nouveautés dans l'offre publique de vente qui sera lancée par NCA au mois de mars prochain. Elle permettra, pour la première fois, la cotation à la Bourse d'Alger d'une entreprise spécialisée dans la production de produits de large consommation. Elle constituera aussi selon Slim Othmani “un signal fort pour les investisseurs étrangers" à travers la vente à la Bourse d'Alger de la participation du fonds d'investissement international Afric Invest. Les Nouvelles conserveries algériennes (NCA), qui produisent les jus de fruits de la marque Rouiba, ont reçu le feu vert de la Cosob pour une entrée à la Bourse d'Alger. Le P-DG de la société, M. Slim Othmani, nous le confirme : “Nous avons obtenu, fin décembre 2012, le visa de la Cosob pour introduire environ 25 % du capital de notre société en Bourse. Nous espérons être cotés entre le 17 et le 20 mars prochain." Fondée en 1966, NCA Rouiba a réalisé un chiffre d'affaires de près de 6 milliards de dinars en 2012. L'entreprise emploie 450 salariés. Un peu plus de 30 % de son capital sont détenus par le fonds d'investissements international Afric Invest (voir notre encadré) à la suite de l'ouverture du capital de cette société familiale en 2005, qui fut à l'époque la première expérience de ce type en Algérie, selon M. Othmani. Une première pour un produit de large consommation Evoquée avec insistance au cours des dernières années, l'entrée en Bourse de NCA intervient à la suite d'une procédure qui a déjà duré près d'une année depuis le dépôt du dossier de l'entreprise auprès de la Cosob. Les dirigeants de NCA doivent maintenant “réactualiser" ce dossier avant de passer à la phase finale qui consistera en le placement proprement dit des actions mises en vente auprès du grand public. Prévue pour le milieu du mois de mars prochain, cette opération devrait s'étaler “sur une période de 15 jours à 3 semaines." L'entreprise sera accompagnée dans cette dernière ligne droite par BNP Paribas El-Djazaïr, qui conduira un pool de banques algériennes. Pour Slim Othmani, le succès de l'opération ne fait pas de doute. Il assure qu'elle permettra “pour la première fois en Algérie la cotation en Bourse d'une entreprise spécialisée dans la production de produits de large consommation connus et compris par le grand public." Une porte de sortie pour Afric Invest C'est la principale originalité de cette opération : le P-DG de NCA précise que l'introduction en bourse de sa société s'effectuera à travers une offre publique de vente (OPV) et ne se traduira donc pas par une augmentation de capital à l'image, par exemple, de l'ouverture de capital réalisée par Alliance assurances voici un peu plus de 2 ans . L'objectif est essentiellement de permettre la cession au grand public de la plus grande partie des actions d'Afric Invest ainsi que de celles de “plusieurs autres petits actionnaires de la société." Beaucoup de spécialistes en sont convaincus. L'atrophie du marché boursier algérien bloque l'essor du capital-risque faute de porte de sortie pour les investisseurs. A travers le visa accordé par la Cosob à NCA, l'administration algérienne, à la suite d'une longue concertation entre le ministère des Finances et la Banque d'Algérie, vient donc, pour la première fois, d'approuver la sortie d'un investisseur étranger via la Bourse. Les avantages pour Afric Invest sont nombreux. Ils permettent de sécuriser un éventuel transfert du capital dans un contexte d'hyper contrôle de la Banque d'Algérie. Ils garantissent en outre des plus-values de cession qui sont actuellement défiscalisées par la réglementation. “Un signal fort pour les investisseurs" Pour Slim Othmani , la décision des autorités financières algériennes constitue un “signal fort adressé aux investisseurs étrangers." Peut-être aussi la première étape vers l'application d'une des propositions phares des experts qui travaillent depuis plus de 2 ans autour de la Cosob et avec le concours du PNUD sur un plan de développement de la Bourse d'Alger. L'utilisation de la Bourse pour faciliter l'application de la règle 51/49 est l'un des aspects les plus audacieux des propositions formulées par les experts réunis par la Cosob. Depuis la LFC 2009, les entreprises étrangères sont tenues de s'associer à des partenaires algériens majoritaires et à respecter, lors de l'ouverture de leur capital, le droit de préemption de l'Etat concernant la cession de leurs participations. “L'autorisation donnée à ces entreprises de céder à la Bourse une partie de leur capital sans demander à l'Etat s'il désire les reprendre lui-même dans le cadre du droit de préemption, va inciter davantage ces entreprises à s'introduire en Bourse", selon les initiateurs du programme. Reste maintenant à tester l'expérience du chemin inverse, celui d'une entreprise étrangère désireuse d'investir en Algérie et qui, dans le cadre de la réglementation actuelle, rechercherait le partenaire algérien majoritaire via la Bourse. Quelle serait dans ce cas la réaction des autorités algériennes dont l'accord est toujours nécessaire à travers le visa du Conseil national de l'investissement ? H. H.