L'arrivée de trois nouveaux titres à la Bourse d'Alger est prévue au dernier trimestre de l'année 2012. Deux ans après l'entrée « historique » d'une première entreprise privée, Alliance Assurance. Si loin du rythme discrètement escompté en 2011 par le gouvernement de 30 nouvelles cotations par an. Les ralentisseurs perdurent. Mustapha Ferfera, le directeur général de la Société de gestion de la bourse des valeurs (SGBV) s'est peut être avancé trop vite. En juillet dernier, il annonçait avec force détail, un peu à contre courant des pratiques du métier, trois nouvelles entrées en bourse avant la fin de l'année. Celle de l'assureur Salama, du spécialiste du leasing MLA, et du producteur de boisson NCA-Rouiba. Pas sûr que les trois aboutissent. Les obstacles réglementaires devant l'obtention du visa de la COSOB ont la peau dure. Exemple, l'Etat doit renoncer à son « droit de préemption » dans le cas où une part du capital du candidat à l'entrée en bourse est détenue par des non-résidents. C'est le cas pour MLA et NCA-Rouiba où l'opération de vente de titres en bourse organise la sortie d'un fonds d'investissement étranger qui a accompagné le développement du groupe. Dans le cas du groupe Salama, le visa de la COSOB est lui-même soumis à un accord politique. Celui du conseil national de l'investissement (CNI), qui, présidé par le Premier ministre, vient de changer de patron, mais sans doute pas de tour de taille, réputé être un pachyderme lent à rendre ses décisions. C'est d'ailleurs l'idée même, que l'instance politique décide de l'opportunité d'investir ou pas, lorsqu'il s'agit de capitaux privés, qui est décriée par les chefs d'entreprises, l'annulation de cette « autorisation d'investir » arrivant en tête des cinquante mesures préconisées par le Forum des chefs d'entreprise (FCE) au printemps dernier. Droit de préemption de l'Etat, autorisation du CNI, législation contraignante des établissements financiers, les chicanes devant la porte de la Bourse d'Alger rendent la route longue. Et le processus d'obtention du visa COSOB pour accéder à l'épargne publique n'est toujours pas au point. EXPERT-COMPTABLE OU BANQUE D'AFFAIRES ? Aux contraintes réglementaires liées au contexte s'ajoutent, pour les candidats à l'entrée en bourse, celles internes au processus lui-même. Ainsi l'évaluation des titres du capital fait problème. Dans le même courrier évoquant le droit de préemption de l'Etat, adressé le 26 juillet dernier à NCA Rouiba SPA candidate à l'entrée à la bourse d'Alger, la COSOB rappelait que « l'évaluation des titres de capital de la société doit être faite par un expert comptable ». Une disposition prévue par l'article 32 du règlement général qui fait polémique dans le microcosme de l'expertise financière de la place d'Alger. « Ce n'est pas le métier de l'expert comptable d'évaluer les entrepris! mais aux banques d'affaires et aux cabinets spécialisés. C'est comme si l'on demandait à un généraliste de faire de la chirurgie. Ils sont tous les deux médecins mais à chacun son travail » explique le président de NCA Rouiba, Slim Othmani. Le risque dans ce cas est d'obtenir des évaluations sous l'angle patrimonial. Trop basses ou trop élevées : «en tout cas non pas en phase avec le potentiel de l'entreprise, mais rendant compte juste de ses actifs à un moment donné. Or, j'ai habitude de dire que l'évaluation d'une entreprise est comme un yaourt. Elle est périssable » illustre le patron de NCA-Rouiba. Dans les faits, la validation requise de l'évaluation par un expert comptable ne bloque pas les processus d'entrée en bourse. Comme les autres, elle en rallonge le parcours. Les commissaires au compte héritent d'une évaluation faite par les cabinets conseils spécialisés algériens ou étrangers et les valident. Les spécialistes notent que l'Etat algérien a renoncé à recourir à un expert comptable pour évaluer Djezzy. Plus préoccupant encore, si le carcan réglementaire qui entrave l'obtention d'un visa COSOB peut être rapidement allégé avec une gouvernance économique mieux inspirée et plus réactive d'autres freins sont plus incrustés. « Mais si demain 20 entreprises privées décidaient de venir en Bourse, il n'y aurait sans doute pas assez d'expertise en Algérie pour les accompagner» estime Slim Othmani. Moins de cinq cabinets conseils algériens seulement sont connus sur la place d'Alger pour réaliser des opérations d'introduction en bourse. Là aussi le compte n'y est pas. Il est vrai que le nombre d'entreprises candidates non plus.