Les décisions radicales prononcées, dimanche soir, par le bureau fédéral (BF) de la FAF rompent nettement avec cette attitude, presque passive, observée depuis le début de la saison vis-à-vis du phénomène de la violence dans les stades. En effet, réuni en urgence en session extraordinaire, le BF n'a pas été par trente-six chemins pour suspendre jusqu'à la fin de la saison les stades de Hadjout et Biskra, théâtres, jeudi dernier, de graves incidents causant plusieurs blessés et un trouble certain à l'ordre public. Le BF a été jusqu'à prendre la même sanction pour le trio d'arbitrage du match USMB-MCO suite à l'agression caractérisée de Khazrouni sur l'international Moulay Haddou, qui se retrouve aujourd'hui out pour une durée minimale de six mois. Après avoir longtemps donc agité le glaive, la fédération est enfin passée à l'acte avec des conséquences lourdes, notamment sur les deux clubs de Hadjout et Biskra. Cependant, l'on ne peut pas s'empêcher de penser que cette réaction ferme et juste de la FAF, il faut l'avouer, intervient suite aux “pressions” des pouvoirs publics l'invitant à agir vite devant l'ampleur du hooliganisme. Le Conseil interministériel, consacré au dossier football la semaine précédente, a été en effet une occasion supplémentaire pour les intéressés de débattre de la nécessité de combattre la violence dans les stades avant d'entreprendre toute réforme au sein de cette discipline. Même si les sanctions émanant de la plus haute autorité de la fédération auraient pu être prises bien avant, car des actes de violence encore plus graves se sont produits depuis le début sans que la fédération daigne sortir de sa réserve, il reste que la FAF n'avait pas d'autre choix désormais que de sévir avec la plus grande fermeté. Il était temps de punir, comme il se doit, tous ces gladiateurs qui traînent le football national dans la boue. Cependant, pour la fédération, le véritable test est à venir. En effet, la suspension des stades de Hadjout et Biskra indique implicitement que désormais tout acte de hooliganisme et de vandalisme qui se produirait sur n'importe quel stade d'Algérie devra être suivi d'une suspension similaire. La guerre contre la violence dans les stades, enclenchée de facto par la FAF, ne doit aucunement laisser la place aux passe-droits et aux intouchables. Dorénavant, tous les clubs doivent être placés à la même enseigne. Tout le monde est passible de la même sanction. La réunion, prévue aujourd'hui entre la FAF et les clubs, est justement une bonne opportunité pour avertir l'assistance sur les conséquences qui peuvent en découler. À partir de là, les clubs sauront à quoi s'en tenir. Les supporters aussi. Ce qui permettra à tout le monde de faire un effort pour endiguer la violence dans les stades. Cependant, pour assurer cette “justice” envers tous les clubs, la FAF doit d'abord s'assurer que tous les rapports des arbitres et des délégués des matches seront empreints d'objectivité. Malheureusement, l'on a eu déjà à voir des délégués qui inscrivent la motion R. A. S. dans leurs comptes-rendus de matches, pourtant houleux. C'est là une modalité pratique qu'il faut garantir sinon la FAF se retrouverait dans une politique de deux poids deux mesures qu'elle ne souhaite forcément pas. Le fait aussi de s'inspirer, entre autres, des images de la télévision et des comptes-rendus de la presse écrite, pour combattre la violence dans les stades, peut s'avérer également “une référence peu crédible”. En effet, tout le monde sait que la télévision ne montre pas tout. Des faits graves ont été déjà passés sous silence. La force de l'image fait souvent la différence, c'est le cas aussi, il faut le dire, de certains comptes-rendus de la presse écrite, qui n'arrivent pas à se détacher de cette “touche locale”. Pour la fédération, le tout est de garantir les moyens humains et matériels pour assurer l'éthique dans son combat contre le hooliganisme. Il y va de la crédibilité de la FAF. S. B.