Il se défend d'avoir subi des pressions ou reçu des instructions dans le traitement de l'actualité politique. Accusée par tous les acteurs politiques d'être une simple boîte de propagande qui s'offre généreusement au président Bouteflika, la Télévision nationale est, aujourd'hui, plus que jamais, au centre du débat politique. À moins de trois mois de l'élection présidentielle et au moment où la scène politique s'enfièvre, via les échanges à fleuret moucheté entre partisans et adversaires du président, l'ENTV est directement citée comme un bras séculier de ce dernier. Son directeur général, M. Hamraoui Habib Chawki, rejette bien sûr cette étiquette et se défend de faire une quelconque allégeance à Bouteflika. “Je ne reçois aucune instruction ni de Saïd Bouteflika ni de qui que ce soit”, clame-t-il. Vérité ou simple écran de fumée ? Le DG de la télévision soutient mordicus qu'il est l'unique maître à bord de l'unique chaîne de télévision. “Depuis quatre années, je n'ai jamais reçu d'instructions de quelque autorité que ce soit sur la manière de couvrir les activités politiques. Et croyez-moi, le jour où l'on me dictera la conduite à tenir, ce jour-là, j'aurai le courage de démissionner”. S'il est difficile de soupçonner la Télévision nationale d'objectivité dans le traitement de l'activité politique, notamment ses couvertures des visites du président à l'intérieur du pays, le propos de Hamraoui Habib Chawki est tout aussi difficile à remettre en cause. La preuve ? Depuis une semaine, il a décidé de faire l'impasse sur les activités politiques et du FLN, version Ali Benflis et de celles des “redresseurs”. Nous sommes face à une situation inédite, d'un côté, nous avons un parti qui met en avant sa légitimité en invoquant les résultats de son VIIIe congrès et de l'autre, le mouvement de “redressement” clamant qu'il représente le FLN originel. “Voyez-vous, il n'est pas aisé pour nous de faire notre travail correctement, puisque nous sommes accusés de partout d'où cette décision de suspendre la couverture jusqu' à ce que la justice tranche dans cette affaire”. Un journaliste bien en vue de la télévision a confirmé, hier, que son DG les a, bel et bien, instruits de ne pas couvrir les partis en conflit au FLN. M. Hamraoui affirme qu'il n'a aucune préférence, ni pour les uns ni pour les autres, mais il ne souhaite pas “surpolitiser l'écran”. Soit. Pourquoi avoir boycotté la réunion au sommet des “onze” candidats à la présidentielle ? “Faux !” s'emporte le directeur de l'ENTV qui affirme que “nous n'avons pas été invités !” Allez-vous couvrir leurs activités, si ces derniers vous adressaient une invitation ? “Volontiers et sans problème”, promet M. Hamraoui, qui écorche au passage “la façon de communiquer” du groupe des “onze”. Il les invite, également, à prévoir dans leurs programmes de candidat à la magistrature suprême un chapitre sur “la libération de l'audiovisuel”. “Tous les précédents présidents ont eu droit à une même couverture médiatique de leurs activités, et je ne comprends pas pourquoi on pose le problème uniquement pour le président Bouteflika”. H.H.C réitère son appel à tous les partis politiques d'inviter la télévision et de la juger en conséquence. Le préjugé est évidemment négatif sur le travail de la télévision, mais le défi exprimé par son directeur mérite d'être mis à l'épreuve du terrain. H. M.