S'il est une caractéristique qui nous singularise en matière de religion par rapport aux autres ce serait plutôt le fait que nous croyons être tenus d'être plus musulmans que tout autre musulman au monde et même plus arabe que n'importe quel arabe. De plus nous le faisons avec acharnement combiné à un zèle d'exclusion violente de l'autre. En d'autres termes, nous cherchons à être plus royalistes que les rois. Et pour cause, un documentaire vient d'être diffusé sur une chaîne de télévision française se rapportant à la pratique de la pluralité religieuse dans un pays comme l'Iran que l'on ne peut soupçonner de ne pas être aussi ancré profondément dans l'islam qu'il ne l'est et avec qu'elle ferveur, quel élan et ténacité ! Pourtant dans ce pays les communautés religieuses jouissent librement de tous les droits civils et d'exercice de leurs cultes respectifs sans contrainte mais surtout sans aucun complexe. A Téhéran même se dresse une prestigieuse synagogue qui jouxte une grande mosquée et où les juifs d'un côté et les musulmans de l'autre pratiquent leur culte dans un respect mutuel exemplaire. Sur le plan de l'activité commerciale, ces mêmes juifs gèrent des commerces en tous genres, notamment celui de l'or. Ils ne sont ni rejetés, ni agressés, ni boycottés. Ils ne sont pas également proscrits dans la fonction publique ni même dans l'institution militaire. Ils assument leur religion et leur iranité à part entière. Même s'ils disposent librement d'écoles et d'hôpitaux spécifiquement juifs, ils ne rejettent personne. Bien plus, le documentaire montrait que les structures hospitalières juives étaient surtout fréquentées plutôt par leurs concitoyens musulmans. Une telle vie en commun dans une symbiose et une harmonie complètes et dans un tel pays aussi massivement et même durement musulman ne peut échapper à toute curiosité. Dans le même documentaire, un responsable d'une institution culturelle iranienne annonçait que plus de vingt millions de visiteurs affluent chaque année en pèlerinage pour visiter et se recueillir sur le mausolée de célèbre poète persan Omar Khayyâm. Qu'une tombe d'un rebelle et très critique envers les doctrines religieuses établies, devienne un véritable sanctuaire et que les Iraniens célèbrent avec fierté, pouvait paraître invraisemblable. Il est pourtant cette invraisemblable vérité. Cette étonnante réalité méritait d'être rapportée mais surtout d'être comparée avec l'attitude de proscription et de mépris qu'ont certaines gens dans notre pays à s'autoriser dans l'impunité de “décréter" l'interdiction de la pratique de toute autre religion que l'islam. Elles ne peuvent, ne veulent, ni même n'acceptent que des Algériens à part entière assument leur algérianité avec des confessions autres. A. A. [email protected]