L'Algérie est respectueuse de la liberté de culte, mais peut mieux faire. C'est le sens du rapport annuel sur le respect des libertés religieuses dans le monde élaboré par le département d'Etat américain et rendu public mercredi passé.Le document, très détaillé et s'attardant sur des faits enregistrés dans le pays lors de l'année en cours, est donc équilibré et tente une objectivité rarement remarquée chez les responsables américains depuis un certain nombre d'années. Il commence par rappeler les dispositions de la Constitution algérienne. Celle-ci, note le document, consacre l'islam «religion de l'Etat» mais assure également «la liberté de culte». C'est un fait. Seulement, note le rapport, la réalité est souvent contradictoireavec les textes.Cela n'empêche, le département d'Etat reconnaît que durant l'année 2010, le respect de la liberté religieuse par le gouvernement algérien «s'est légèrement amélioré». Il en veut pour preuve l'arrêt des poursuites contre certains chrétiens, la cessation de harcèlement de «minorités religieuses» et une considération accrue pour les «religions autres que musulmanes». Mieux encore, le rapport américain nous apprend que durant l'année écoulée et celle en cours, pas moins de 25 synagogues ont été construites, sans donner plus de détails. Le document indique qu'il n'y a pas que la religion chrétienne qui a bénéficié de l'attention du gouvernement algérien. Il relève que même des juifs ont assisté à un colloque sur les libertés religieuses, organisé récemment par les autorités gouvernementales. Toujours dans le chapitre des avancées, ou respect des libertés religieuses, le document du département de Hillary Clinton note que les rapports «n'ont enregistré aucun détenu pour délit d'opinion» ces derniers mois. Il a ajouté que le gouvernement algérien, qui n'a pas donné forcément d'agrément aux associations non musulmanes, n'empêche pas forcément ces dernières d'activer. Même si, note encore le document, la construction des églises est souvent le fait d'individus. Plus que cela, «ce sont des maisons qui font office d'églises». Des maisons «offertes par les éléments des associations chrétiennes».L'autre élément «positif» de ce rapport est le fait qu'il n'y a pas que les chrétiens qui sont condamnés. Puisque des centaines d'imams, soupçonnés de prosélytisme, ont également été radiés de la fonction publique ou poursuivis en justice. C'est également le cas, note le rapport, des salafistes et des chiites. Ceci dit, le document du gouvernement américain note que des avancées peuvent être faites. Il relève des manquements, comme le fait de ne pas délivrer d'autorisations d'activité pour les associations chrétiennes. Il cite également des cas de poursuites retentissantes à l'image de Habiba K., dont la condamnation avait fait les choux gras de la presse. Il met également en cause l'application de l'ordonnance 06-03 relative à l'exercice du culte non musulman. Pour ajouter un grain de sel à son rapport, le département d'Etat a noté «la tolérance» de la société algérienne vis-à-vis des pratiquants d'autres religions que l'islam. A. B.