Le rapport annuel sur les libertés religieuses élaboré par le département d'Etat américain, présenté mercredi à Washington, a consacré sa part de critiques à l'Algérie, tout en lui concédant quelques avancées. En tentant de donner un aperçu global des réalités sociales algériennes, ce rapport met le doigt sur les problèmes que rencontrent les groupes non musulmans vivant en Algérie. «La commission nationale pour les non-musulmans n'a pas fourni les moyens administratifs permettant aux groupes non musulmans de se déclarer tel que c'est prévu par la loi. Des membres du gouvernement ont publiquement critiqué l'évangélisme et souligné le rôle dominant de l'Islam dans la société. Cela dit, certaines avancées positives ont eu lieu dans le traitement des minorités religieuses par le gouvernement algérien. Ce dernier a, justement, cessé toute persécution sur les minorités et a accordé plus d'attention aux chrétiens, notamment en organisant un colloque sur les cultes religieux», peut-on lire dans les premières lignes de ce rapport présenté par la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, au cours d'une conférence de presse. Rappelant que la Constitution algérienne prévoit la liberté de croyance et d'opinion et permet aux citoyens de créer des institutions dont les objectifs comprennent la protection des libertés fondamentales du citoyen, ce document conteste, néanmoins, la mise en pratique de l'ordonnance 06-03 fixant les conditions et règles d'exercice des cultes autres que musulman qui n'apportent pas de moyens administratifs effectifs, selon les témoignages de plusieurs représentants d'églises interrogés en Algérie. Le rapport s'appuie, dans cette logique, sur le silence ou le refus du gouvernement de répondre à plusieurs demandes d'enregistrement de groupes non musulmans qui ont été contraint à la clandestinité. Il a évoqué également la réouverture de 25 synagogues en juin de l'année dernière, tout en précisant que celle-ci ne prend pas forme de façon concrète, étant donné qu'aucune de ces synagogues n'est opérationnelle à l'heure actuelle. «Les lois algériennes permettent aux non-musulmans la liberté de pratiquer leur religion dans la mesure où elle ne se trouve pas en incompatibilité avec les mœurs locales et en ne dérangeant pas l'ordre public, la moralité et le respect des droits et des libertés fondamentales d'autrui», précise le rapport, ajoutant que la société algérienne tolère, de façon générale, les étrangers qui pratiquent d'autres religions que l'Islam. Cela dit, il ne manque pas de mettre en relief les difficultés qu'ont les groupes non musulmans d'accéder à un statut légal. Ces difficultés renvoient aux mêmes lacunes que rencontrent des entités non religieuses et des organisations non gouvernementales, dont les requêtes sont généralement ignorées ou rejetées par le ministère de l'Intérieur, précise encore ce document. Des problèmes d'obtention de visa de la part de non-musulman et des procédures juridiques relevant du code de la famille ont également été examinés dans le rapport. Dans la partie consacrée aux restrictions et aux abus, plusieurs affaires ayant traits aux libertés de culte, rapportées par la presse algérienne, ont été mentionnées. Avec les affaires des non-jeûneurs qui ont attisé la polémique ces dernières semaines (affaires non évoquées dans le rapport, probablement parce que l'enquête menée par le département d'Etat américain a été clôturée avant que ces affaires ne se déclarent), la liberté de culte est plus que jamais au cœur du débat.