Dans la gestion de l'affaire de Tiguentourine, “oui, nous n'avions pas fait notre travail à 100%, car l'image n'était pas claire", a reconnu le ministre. “Nous étions alors contraints de traiter toute information avec prudence (...). Le travail était vraiment difficile", a-t-il commenté. Longtemps décrié par les citoyens, le manque flagrant de communication officielle chez nous, souvent appuyé par la rétention de l'information, est une réalité que reconnaissent désormais même les pouvoirs publics. Cette réalité a été révélée davantage lors de l'attaque terroriste de Tiguentourine. Les informations étaient distillées au “compte-gouttes" avec, en sus, de grosses bourdes de com' commises y compris par... le ministre de la Com ! En vue de remédier à cette situation, Belaïd Mohand-Oussaïd, ministre de la Communication, a annoncé, hier, sur les ondes de la Radio nationale, l'organisation prochaine d'un colloque national sur la communication institutionnelle. L'objectif de cette rencontre, a-t-il expliqué, est de tenter de définir une stratégie de communication qui, reconnaît-il, fait cruellement défaut au niveau des différentes institutions. Pour l'invité de l'émission “Débat de la semaine" de la Chaîne I, ce défaut de communication s'expliquerait par deux paramètres importants. Il y a, d'une part, avoue-t-il, la rétention préméditée par certains responsables d'institution qui ont souvent peur de divulguer certaines informations, et d'autre part, “l'abus dans la communication" qui fait que des informations finissent par perdre de leur crédibilité. Dans les déclarations du membre de l'Exécutif, il se profile néanmoins une volonté de réhabiliter la confiance perdue entre les citoyens et les institutions, mais aussi de mettre un terme à la rétention que le ministre lui-même assimile à du “mépris". En rappelant que le gouvernement avait déjà tenté, en 2011, de définir un plan de communication institutionnelle, M. Belaïd estime que cette fois-ci sera la bonne et que ce plan, désormais relancé, sera bel et bien mis en place prochainement. Dans la foulée, il a avoué que la communication était défaillante dans la gestion de l'affaire de Tiguentourine. “Oui, nous n'avions pas fait notre travail à 100%, car l'image n'était pas claire. Nous étions alors contraints de traiter toute information avec prudence ; on devait tellement éviter de donner de fausses informations que nous avions préféré la prudence, surtout devant le danger qui planait sur des vies humaines, au scoop médiatique. Le travail était vraiment difficile", a-t-il commenté. S'il estime que la défaillance dans la communication sur la même affaire a été rattrapée, après coup, le ministre a toutefois concédé qu'“il y a des points faibles dans la communications en général". Sur la question récurrente de l'ouverture du champ audiovisuel, M. Belaïd estime qu'il est tôt de divulguer le contenu du projet de loi devant régir ce secteur, actuellement soumis à l'appréciation du gouvernement. Il s'est contenté de rappeler “la décision politique" prise par le chef de l'Etat pour l'ouverture du champ audiovisuel. En revanche, le ministre a habilement évité de parler des chaînes privées déjà ouvertes, il y a plusieurs mois déjà, et présentées comme étant des entreprises algériennes de droit étranger. “Je ne peux rien vous dire sur ces chaînes tant que la loi sur l'audiovisuel n'est pas encore promulguée", a-t-il déclaré. Abordant la presse écrite, le ministre a rappelé l'ouverture de trois ateliers pour la mise en place de l'autorité de régulation de la presse écrite, la définition de la carte de presse, et enfin la mise en place d'un conseil de déontologie. Selon le ministre, l'Algérie compte quelque 130 quotidiens nationaux avec un tirage global avoisinant les 3 millions d'exemplaires/jour. Cependant, précise-t-il, 50% de ces exemplaires sont partagés par trois ou quatre titres. Le taux d'invendus est estimé à 30% du tirage global. Le ministre a fait savoir qu'une nouvelle loi sur la publicité et une loi sur les sondages seront promulguées au courant de cette année. Rappelant qu'actuellement la presse publique bénéficie de 50% de la publicité publique, le ministre a toutefois contourné le sujet des critères selon lesquels est partagée la manne publicitaire. Néanmoins, il a laissé entendre que dans la prochaine loi, il sera question, notamment, d'encourager les nouvelles publications. F A