À quelques encablures de la ville de Tamanrasset, à Matna Talat plus exactement, une vingtaine de familles de réfugiés, totalisant 107 personnes, meurent à petit feu en attendant que les autorités algériennes viennent à leur rescousse. Des mômes, des femmes et des personnes âgées, ayant parcouru des centaines de kilomètres en fuyant l'atrocité de la guerre que vit leur pays, risquent de périr en silence puisque, ont-ils désespérément révélé, aucune organisation humanitaire ne leur a, jusqu'à présent, porté secours ni aide de quelque nature que ce soit. “Nous avons presque deux mois à Tamanrasset et nous vivons de la charité de nos proches qui sont ici depuis des années. Nous avons la chance de quitter le Mali avant la fermeture des frontières parce que la vie est quasi impossible avec tout ce qui se passe là-bas. Quotidiennement, on compte des centaines de morts", raconte Mokhtar Mohamed Ben Mohamed dans un langage marqué par des notes de tristesse résumant sa souffrance et celle des membres de sa famille qui n'ont pas pu l'accompagner lors de cette périlleuse aventure. “Nous sommes passés via le poste frontière de Bordj Badji-Mokhtar sans avoir des problèmes. Cependant et après avoir séjourné quelques jours au camp de Timyaouine, nous avons pris la décision de venir à Tamanrasset puisque les chances d'embauche sont meilleures céans et les établissements hospitaliers sont tout proches pour une bonne prise en charge médicale", ajoute-t-il avec la même verve. Peu prolixe, son cousin flanqué de sa marmaille en haillon, constate avec amertume : “La vie des réfugiés est difficile. Mais ce qu'il faut savoir est qu'on arrive à peine à gagner la journée pour subvenir aux besoins de nos familles et payer en même temps entre 5 000 et 7 000 DA des frais de loyer. Certaines familles recourent aux cotisations mensuelles pour parvenir à payer cette somme." Le comité du Croissant-Rouge de la wilaya ignore l'existence de ce nombre de réfugiés à Tamanrasset. “On ne peut pas le savoir puisqu'ils sont (les réfugiés, ndlr) ici de manière clandestine", nous déclare un membre dudit comité, précisant que “les aides humanitaires ne se font pas d'une manière anarchique, mais dans un cadre organisé et en concertation avec toutes les autorités de la wilaya. On ne peut pas agir unilatéralement en enfreignant les consignes de nos responsables. Les expatriés à Tamanrasset, il y en a à chaque coin de rue. Il faut installer d'abord un camp et y regrouper toutes ces familles maliennes pour qu'on puisse les aider". R K