La guerre qui a eu lieu au Mali a été dramatique pour les deux parties. Des centaines d'otages ont été enregistrées du coté de l'Armée Malienne, et des milliers de refugiés et d'immigrés clandestins des habitants du Nord ont été enregistré. Ce sont les répercussions de la guerre dans le Nord du Mali qui ont commencé à se voir clairement suite à la trêve provisoire et fragile qui a été déclarée. Lorsque les commandants militaires dans le Nord du Mali nous ont présentés des dizaines de soldats de l'Armée Malienne prix en otage, j'ai senti une sorte de reproche. J'avais l'impression que j'investissais dans le drame de ces otages. C'est là qu'un des commandants du MNLA m'a dit : « nous ne cherchons pas à prouver que nous traitons bien les otages…y compris ces otages cherchent à transmettre un message à leurs familles et gouvernement qu'ils sont en vie. Les dégâts ont été collatéraux. L'armée malienne a eu des victimes dans le nord et les habitants des tribus et villages du nord ont été obligés d'immigrer vers les frontières algériennes et mauritaniennes et parfois vers Bamako. Le nombre de ces immigrés a été estimé à 190 mille personnes. Les militaires maliens pris en otages ne sont pas au courant du coup d'Etat contre Touré Le mouvement national de libération de l'Azawad retient en otage des centaines de soldats, dont plusieurs officiers et militaires de différents grades. Le MNLA retient également en otage de groupuscules d'otages dans des sites éloignés les uns des autres. Plusieurs parmi ces otages sont des soldats qui se sont rendus une fois que la balance a penché vers les combattants Azawad. Certains d'autres ont été obligés d'abandonner leurs armes. Peu parmi ces derniers ont combattu jusqu'à ce qu'ils soient blessés et pris en charge par les combattants de l'Azawad et hospitalisés d'une manière traditionnelle. Les otages ont été répartis sur plusieurs groupuscules. Les grands officiers étaient retenus dans des sites où sont campés les officiers supérieurs Azawad et alors que les moins gradés parmi les soldats maliens sont retenus en otage dans d'autres endroits. La seule différence entre les soldats et officiers est le facteur âge. Dans les sites où étaient campés les officiers supérieurs parmi les combattants Azawad, un imminent commandant militaire Azawad a crié « sortez » en français. Les soldats maliens ne parlent pas le Targuie, à l'exception de quelques uns. Les soldats maliens sont retenus dans une maisonnette en argile la plupart des otages étaient habillés en civil qu'ils portaient à leur arrivée de Bamako, alors que les autres étaient habillaient en tenue militaire. Ces derniers semblaient exténués et les séquelles de mois de détentions apparaissaient sur eux. Lorsque les officiers Azawad hésitaient de me parler, je prenais l'initiative pour leur demander un bénévole et un porte-parole. Un des officiers qui était à ma droite, cagoulé, a levé sa tête et m'a dit : « le suis le commandant Osman, chef de troupe et je vous parlerais en leur nom : on fait tous partie de l'Armée malienne et nous sommes pris en otages depuis près de quatre mois. Nous sommes très content qu'un journaliste vienne nous parler ». J'ai interrogé Osman comment étaient les conditions de leur rétention, et il m'a répondu : « une pris d'otage et une prise d'otage. Il est vrai que nous ne sommes pas battus ni humiliés, cependant, notre liberté nous est confisquée ». Interrogé par El Khabar comment ont été pris en otage, l'officier malien en question m'a répondu « j'ignore au juste qu'est ce qui s'est passé », c'est la que j'avais compris qu'ils ont été pris en otage avant le coup d'Etat qui a renversé le régime d'Amadou Toumani Touré. En l'informant que le régime malien a été renversé, cela l'a vraiment attristé ainsi que les autres otages. Un autre officier malien retenu en otage s'est toutefois adressé à moi en disant : « on s'en fiche du pouvoir. Ce que je veux c'est que ma famille et mes enfants sachent que je suis vivant. A mon avis ils pensent que je suis mort. Ils n'ont pas eu de mes nouvelles depuis qu'on a été retenus en otages ». Parallèlement aux otages de l'armée malienne, une autre tragédie humanitaire risque de se produire et dont les victimes sont des habitants de tribus Targuies et arabes du Nord du Mali. Les vagues de refugiés ne cessent d'affluer vers les frontières algéro-mauritaniennes et vers les frontières avec le Niger. Les refugiés passent de longues journées de marche à pieds. Le mouvement de déplacement des personnes sur les frontières avec Kidal a été entièrement interrompu, y compris le déplacement des commerçants. Les refugiés préfèrent se rendre vers Timyaouine, dans le sud d'Adrar et vers Tinzaouatine dans le sud de la wilaya de Tamanrasset. Plusieurs tentes ont été dressées dans cette wilaya pour de nouveaux refugiés qui affluent, quotidiennement, par dizaines. La décision des refugiés de rester ou de partir dépend des aides qui leur sont attribuées dans le camp pour refugiés de Tinzaouatine, dressé à 50 mètres des frontières algériennes. A ce sujet, des sources officielles algériennes nous ont expliqué qu'elles ont demandé à ces refugiés de s'installer à l'intérieur des sols algériens et attendre les aides de l'Armée Algérienne et du Croissant Rouge. Chose qu'ils ont, toutefois, refusée et ont préféré rester dans leurs territoires. Mohamed Ould Bekai, âgé dans les soixantaines, habitant de Kidal était le dernier refugiés à arriver sur les lieux pendant notre présence à Tinzaouatine. Mohammed Ould Bekai est arrivé en ramenant avec lui plusieurs autres personnes, notamment, ses fils et ses petits fils, de la troisième ou de la quatrième génération. Cette famille a choisi de s'installer à Oued Tinzaouatine. J'ai interrogé Bekai pourquoi a-t-il décidé de venir à Tinzaouatine et il m'a répondu que les soldats maliens l'avaient agressé pendant les premiers jours des batailles. Aujourd'hui les chances de vie ont disparu et nous sommes venus les chercher ici. Mohamed Ould Bekai s'est présenté en tant que membre de la tribu des « notables ». Il insinuait la tribu Ifoghas, d'om est originaire Iyad Ag Ghali, chef de l'organisation « Ansar Dine ». Un autre refugié qui s'appelle Sidi Al Mokhtar Ould Mahaha s'est rapproché de nous et plaidé pour l'Azawad. Il nous a révélé que deux avions de l'armée malienne ont bombardé son village par plus de 120 missiles. Nous avions été filmés par les avions de reconnaissance. Ils savaient bel et bien que nous étions des civiles et malgré ça ils nous ont bombardé. Parmi les nouveaux refugiés, il y avait un jeune qui s'appelle « Omar Mohamed », à son tour revenu de Kidal. Ce dernier et après avoir été interrogé sur les raisons de son refuge à Tinzaouatine, alors que le MNLA avait déclaré l'indépendance de son territoire, il nous a répondu qu'il n'y avait personne à Kidal. Les chefs d'entreprises ont quitté Kidal de crainte sur leur vie. Tout le monde a quitté Kidal et j'ignore pour quelle raison et pourtant le nouveau wali nous a promis une vie meilleure. Le nouveau chef de Kidal n'était autre qu'un officier supérieur au sein du Mouvement National de Libération de l'Azawad, en l'occurrence Al Abbas Antla en plus de son assistant Al Hassan Faghagha, ex deuxième homme au sein de l'Alliance 23 Mai, qui a mené la guerre contre le régime d'Amadou Toumani Touré en 2005 avant de parvenir à un cessez le feu en 2006 suite à la signature de l'accord d'Alger à Djenane El-Mithak à Alger. Il est utile de noter que des aides humanitaires sont attribuées aux réfugiés à Tinzaouatine, par les des familles algériennes et/ou ils achètent de la nourriture par leur propre argent. Toutefois, le volume des nouveaux venus aux camps augmente de jour en jour représentant ainsi un risque d'une catastrophe humanitaire de laquelle et les habitants de Tinzaouatine et l'ensemble des algériens sont embarrassés.