La Banque d'Algérie explique que l'inflation est nourrie par “des causes qui sont plus d'ordre organisationnel et comportemental". Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a estimé, hier, lors de la présentation des tendances monétaires et financières du 2e semestre de l'année 2012, en présence des dirigeants des banques, que “l'épargne à terme n'est pas suffisamment rémunérée par les banques". Malgré cette faible rémunération, les dépôts à terme ont enregistré une croissance significative en dinars (20%). “La stabilité macroéconomie ne peut, durablement, reposer sur la solidité de la position financière externe", a indiqué Mohamed Laksaci. Revenant sur le phénomène inflationniste qui a émergé avec acuité, particulièrement en 2012, le gouverneur de la Banque d'Algérie soutient qu'il est essentiellement de nature endogène et ancré sur un nombre très limité de produits frais dont les prix ont enregistré une envolée au 1er trimestre 2012. La flambée des prix de la viande ovine (30,28%) a contribué pour plus de la moitié (50,7%) à l'inflation des produits alimentaires frais, pour 40% à l'inflation du groupe alimentaire et plus du quart (25,8%) à l'inflation globale de 2012, alors que son poids au sein du groupe alimentaire est de 13,3%. “Ce qui distingue donc l'effet inflationniste de l'année 2012, ce ne sont que 4,9 points des 12,22 points d'inflation de l'alimentaire et 2,22 points des 8,89 points de l'inflation globale qui sont imputables à la seule viande ovine", relève la Banque d'Algérie. La Banque d'Algérie explique que l'inflation est nourrie par “des causes qui sont plus d'ordre organisationnel et comportemental". Les importantes augmentations de salaires accordées et l'effet de “résonance" de propagation à tous les acteurs économiques ont alimenté de facto l'inflation des produits frais. La Banque d'Algérie évoque, également, la faible organisation des marchés de gros et de détail, “peu de marchés de gros organisés de produits agricoles, formation des prix opaques, absence de publicité des prix et de facturation, faiblesse du contrôle en matière de respect des lois et règlement en vigueur", qui a facilité les hausses des prix “abusives". Le recours quasi exclusif au paiement cash est corrélatif à l'ampleur des transactions relevant de l'informel. Le système de télécompensation mis en place depuis 2006 n'est utilisé qu'à 10% de ses capacités. “Pourquoi ce système n'est utilisé qu'à 10% de sa capacité ? Pourquoi à partir de 2007, il y a eu une envolée de la demande en monnaie fiduciaire ?" s'interroge M. Laksaci. Par ailleurs, pour lutter contre l'inflation, la Banque d'Algérie a mis en place, depuis janvier dernier, un nouvel instrument de résorption de liquidité sur une durée de six mois, qui s'ajoute aux mesures de politique monétaire existantes. 190,66 milliards de dollars de réserves de changes à fin 2012 Les réserves de changes de l'Algérie, or non compris, ont atteint 190,66 milliards de dollars à fin 2012, soit 39 mois d'importations de biens et services, contre 182,22 milliards de dollars à fin 2012. “Avec un tel niveau de réserves de changes, l'Algérie est classée parmi les premiers pays émergents en termes de ratio réserves de changes par rapport au produit intérieur brut", note le gouverneur de la Banque d'Algérie. Mohamed Laksaci précise que le flux des réserves officielles de changes de l'année 2012 s'est surtout réalisé au 1er semestre 2012. La Banque d'Algérie affirme avoir “poursuivi la gestion prudente des réserves de changes en mettant de plus en plus en avant le suivi rigoureux et la gestion des risques". Face à la persistance de la crise de la dette souveraine dans la zone euro et des risques bancaires corrélatifs, la Banque d'Algérie a pris des mesures de prudence appropriées pour préserver le capital des investissements de toute perte. Les investissements effectués dans les titres souverains des pays de la zone euro portent sur les titres les moins risqués, pendant que les dépôts auprès des banques commerciales ont été maintenus à un niveau très faible depuis le début de la crise financière internationale. En outre, les dépôts sont orientés plus vers les banques centrales pour minimiser au maximum le risque de contrepartie. Parallèlement, la dette extérieure à moyen et long terme a baissé à 2,479 milliards de dollars, contre 3,263 milliards de dollars à fin 2011. La dette extérieure à court terme, portée par les banques de la place, s'est stabilisée à un milliard de dollars. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a, par ailleurs, relevé une baisse des entrées nettes d'investissements directs étrangers à 1,70 milliard de dollars, contre 2 milliards de dollars en 2011. Sur un autre plan, M. Laksaci a indiqué que la Banque d'Algérie travaille pour approfondir la convertibilité du dinar au profit des ménages afin d'endiguer le marché parallèle de change. La Banque d'Algérie travaille également à réactiver l'activité des bureaux de change. M R