Résumé : Azad ne se sentait pas à l'aise. Sa belle-mère le mettait déjà en garde contre tout ce qu'il pouvait entreprendre chez eux. Il avait compris le message. Son père, pour ne pas le froisser, avait posé la question indirectement. Va-t-il s'installer bientôt ? Katia lui propose de l'aider à dénicher un appartement. Le jeune homme ne retrouvait plus ses souvenirs d'autrefois. Azad se passe la main sur le visage, cela faisait presque vingt années. Il venait tout juste de boucler ses douze ans. L'animosité de sa marâtre envers lui n'avait d'égale que sa méchanceté. Elle était d'une arrogance et d'une perfidie inégalables. Une fois qu'elle avait pris possession des lieux, elle avait sommé son père de le mettre dans un internat. Elle ne voulait pas élever l'enfant d'une autre. Il devait choisir entre elle et lui. Son père ne s'était pas fait prier pour exécuter les ordres de celle qui, désormais, était la maîtresse de maison. Azad avait protesté. Il ne voulait pas quitter sa chambre ni vivre loin des lieux où sa mère avait vécu. Il avait pleuré, supplié, crié, mais son père avait tenu bon. Il avait été jusqu'à le menacer de le jeter au chien s'il s'obstinait à s'entêter. La mort dans l'âme, Azad avait ramassé ses affaires et quelques photos de sa mère. Il n'avait plus de place dans cette maison qui l'avait vu naître, et où il s'était senti si heureux auprès de celle qui n'avait vécu que pour lui. - Tu peux monter dans ta chambre si tu veux te reposer. Nous t'appellerons pour le dîner. Azad sursaute puis se reprend. Sa chambre ? Il avait encore sa chambre ? - Pas ta chambre d'enfant. C'est la chambre de Katia. Tu pourras occuper la chambre d'amis, lui lance sèchement sa marâtre. Azad jette un coup d'œil à son père. Son air autoritaire s'effaçait toujours devant sa femme. Il était si faible devant elle, si vulnérable. - Cela ne te dérange pas Azad, n'est-ce pas ?, lui demande-t-il. Il hausse les épaules : - Pas le moins du monde. C'est une question de quelques jours. - Tu pourras rester autant que tu voudras. Tu es chez toi tout de même. La marâtre ouvrit la bouche toute grande pour dire quelque chose, mais Azad la devance : - Non, non, je te remercie. Je vais tâcher de trouver rapidement un appartement. J'aimerais être plutôt chez moi là où je l'entends. Zahia se ravisa : - Bien pensé. Tu vois Tahar, ce jeune homme a tellement vécu ailleurs qu'il s'est imprégné des valeurs d'autrui. Il ne veut pas vivre sous le même toit que ses parents. Il veut garder son indépendance. Azad se lève : - Je me sens fatigué. Je vais monter me reposer un moment. Veux-tu m'accompagner Katia ? Je ne sais plus où se trouve la chambre d'amis. Sa marâtre lui jette un regard foudroyant, mais son père hoche la tête : - C'est vrai. Nous avons apporté quelques aménagements dans la maison. Va Katia, montre à ton frère sa chambre. La jeune fille se lève en souriant et indique de sa main la porte du salon : - La sortie est par là, grand frère. Amusé par la désinvolture de sa sœur, Azad sourit à son tour : - Je connais le chemin jusque-là, mais ensuite... Elle le précède dans le hall, et à peine le seuil du salon franchi, Azad entendit des éclats de voix. Son père aura fort à faire pour calmer la colère de Zahia. Cette dernière ne s'était pas gênée pour se montrer sous son vrai jour. Azad savait qu'elle ne l'aimait pas. Elle ne l'avait jamais aimé d'ailleurs. Ni le temps, ni la distance, ni son long silence n'avaient pu diminuer son animosité à son égard. Comme si elle lisait dans ses pensées, Katia lance d'une petite voix : - Je suis contente que tu sois là, moi. - Merci. Moi aussi je suis content de te retrouver petite sœur. Elle sourit, heureuse : - Désormais, je me sentirais moins seule. - Tu te sens seule ? - Des fois, oui. - Pourtant tu vis avec tes deux parents dans cette maison. Ta mère semble très proche de toi. (À suivre) Y. H.