Résumé : Après ses dix années d'absence, Azad s'attendait à plus de considération auprès de sa famille. Son père tente d'être aimable avec lui ; Katia, sa sœur, semblait ravie de son retour, mais ce n'était pas le cas de sa belle-mère, Zahia. Sans lui laisser le temps de placer un mot, elle le mettait déjà en garde. Elle le regarde d'un air hautain avant de hausser les épaules : -C'est comme tu veux. -Zahia, Zahia... Son père tentait de minimiser les dégâts : -Zahia, laisse le petit se reposer. Nous aurons tout le temps de discuter plus tard. Katia vint déposer du café et des gâteaux secs sur la petite table. Elle sert tout le monde avant de s'asseoir près de sa mère. Azad la trouve très mignonne dans sa robe d'intérieur. Katia était encore une adolescente, se dit-il. L'âge des rêves. Elle, au moins, n'aura pas à affronter les colères de son père ni les remontrances de sa mère. Elle était née pour être heureuse ! Son père met une main protectrice sur son épaule : - Je ne sais pas quoi te dire Azad. Mais si tu comptes te lancer dans tes projets, il vaudrait mieux s'y mettre le plus tôt possible. - Je l'espère bien. - Quels projet ? Zahia n'aimait pas se sentir à l'écart dans les conversations. Azad la connaissait bien. Elle aimait fouiner dans la vie des autres et se sentir plus qu'indispensable. Contrairement à son père, sa belle-mère n'avait pas trop changé. Elle avait conservé sa vivacité, son élégance et son autorité. Azad s'en voulait d'avoir renoué avec sa famille. Il connaissait pourtant les sentiments que nourrissait sa belle-mère à son égard. Il repense à sa mère. Elle était si belle, si douce. Si attentive à ses désirs. Il se passe une main sur son visage. La mort était venue la faucher, alors qu'il avait encore besoin d'elle. -Alors Azad, tu ne vas tout de même pas rester les bras croisés. -Non. Bien sûr que non. Dès demain, je vais me mettre à la recherche d'un cabinet. Je vois que le quartier a bien changé. Peut-être y trouverais-je un appartement. - C'est possible. Azad lève les yeux vers sa sœur qui ébauche un sourire : -Il y a un immeuble tout neuf pas trop loin de mon lycée. Je sais qu'on y loue des apparts. Plusieurs de nos enseignants y habitent. -Merci Katia. Tu m'y accompagneras ? Elle hoche la tête : -Bien sûr. Son père lui donne une tape dans le dos : -Tu vois Azad. Même ta sœur veut t'aider. Azad garde le silence. Il sirotait son café noir, tout en regardant autour de lui. Tout avait changé dans la maison. Le salon avait été remeublé. Les tapis semblaient tout neufs, et les bibelots étaient luxueux. Des photos trônaient sur la bibliothèque. Il y avait celle de son père. Une autre de Katia. Une troisième de sa belle-mère avec un bébé dans les bras. Une photo qui a été prise à la naissance de sa sœur. Plus haut sur une autre étagère, il y avait d'autres photos de famille. Azad tente de reconnaître quelques visages. En vain. La famille de sa belle-mère avait repris le dessus. Il n'y avait aucune photo de lui, encore moins de sa mère. Même la photo de sa grand-mère avait disparu. - à quoi penses-tu ? Son père avait probablement suivi son regard. - à rien, père. Je voulais juste me remémorer quelques souvenirs de famille. Sa belle-mère le toise d'un air qui en disait long sur ses pensées : - La famille ? Tu parles ! Tu as bien passé des années de l'autre côté de la mer sans te préoccuper ni de nous ni de qui que ce soit. Azad sentait une boule se former dans sa gorge. S'il était parti c'était par sa faute. Il aurait tant aimé rester auprès des siens et faire ses études dans son pays. Hélas ! Il ne pouvait plus supporter le regard accusateur de son père et les jérémiades de sa belle-mère. Les jeux étaient faits, le jour où son père avait ramené cette sorcière à la maison. (À suivre) Y.H.