Après un désaccord au début sur la manière d'opérer au Mali pour combattre le terrorisme, Français et Américains coordonnent désormais leur coopération sur la crise malienne, comme l'indique cette visite à Paris du nouveau chef de la diplomatie US. Passant en revue les différentes questions internationales de l'heure, le président français François Hollande et le nouveau secrétaire d'Etat américain John Kerry ont notamment discuté du Mali, dossier sur lequel persistaient quelques malentendus entre les deux parties. Désormais, les Etats-Unis soutiennent “politiquement et matériellement" la guerre au Mali. C'est ce qu'affirment des diplomates américains, lesquels rappellent notamment que Washington a octroyé 96 millions de dollars pour l'entraînement et l'équipement de la Misma, la force ouest-africaine appelée à relayer à terme l'armée française. En sus, les Etats-Unis ont déployé plusieurs drones “Predator" au Niger en soutien aux forces françaises, afin de réduire le délai entre le repérage au Mali de combattants islamistes et leur “neutralisation". “L'appui en drones est très important, ça nous aide. On apprécie, on est très contents", s'en est félicité un diplomate français. Ainsi, le Mali, dossier d'“intérêt commun" après des crispations initiales, était au centre de ces derniers entretiens entre Hollande et Kerry. “C'est une bataille commune qui se joue là-bas. Nous voulons qu'ils (les Français) réussissent, c'est dans notre intérêt commun", souligne un haut responsable du département d'Etat. Pour rappel, John Kerry a récemment félicité la France pour son intervention “réussie" au Mali et a reconnu mardi à Berlin que ce pays d'Afrique “représentait une menace" pour la région et pour l'Europe. Pour rappel, l'entente n'a pourtant pas toujours été parfaite entre Paris et Washington. Lorsque Paris est intervenu le 11 janvier, Washington a hésité avant d'apporter un soutien logistique. Les Américains ont d'abord présenté aux Français une facture exorbitante pour des avions cargo C-17 avant de les offrir gracieusement dix jours plus tard. Par ailleurs, le Département d'Etat américain a mis le chef d'Ansar Dine, Iyad ag Ghali, sur la liste des terroristes, en application du décret présidentiel américain 13224, qui vise les terroristes et ceux qui apportent un soutien aux terroristes ou à des actes de terrorisme. En conséquence de cette décision, “tous les biens et avoirs du chef de ce groupe terroriste qui sont soumis à la juridiction américaine sont bloqués, alors que les citoyens américains sont interdits de mener des transactions avec lui ou à son profit", précise le porte-parole du département d'Etat dans un communiqué. Il souligne qu'Iyad ag Ghali “est le chef d'Ansar Dine, une organisation opérant au Mali, qui coopère étroitement avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) laquelle avait été déjà désignée comme organisation terroriste étrangère (FTO)". Le département d'Etat note qu'Iyad ag Ghali “a créé Ansar Dine à la fin 2011 après avoir échoué dans sa tentative de prendre le contrôle d'un groupe touareg laïque en raison de ses opinions extrémistes". Iyad ag Ghali “a reçu le soutien de l'Aqmi dans la lutte d'Ansar Dine contre les forces maliennes et françaises, plus particulièrement dans la prise des villes maliennes de Agulhok, Tessalit, Kidal, Gao et Tombouctou, entre janvier et avril 2012", souligne le communiqué. Avant l'intervention française en janvier 2013, poursuit le département d'Etat, “les citoyens maliens, vivant dans les villes contrôlées par Ansar Dine, qui ne se pliaient pas à la loi imposée par cette organisation, subissaient des harcèlements, la torture ou des exécutions". M T. / Agences