« Tu peux être plus utile pour la révolution avec ta guitare, toi, ta place est dans l'art et ton combat c'est avec ta guitare », dira Krim Belkacem à l'adresse de Moh Said Oubelaid, un artiste qui a fait le choix de militer avec son instrument de musique. Comme lui, ils étaient beaucoup d'autres à faire de l'art un instrument de liberté durant la révolution algérienne, citant entres autre Slimane Azem, Taleb Rabah, Farid Ali... Durant deux jours, soit jeudi et vendredi, à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, l'association qui porte le nom du regretté Moh Saïd Oubelaid, lui a rendu un vibrant hommage à travers une exposition qui retrace la vie de l'artiste et son parcours durant la révolution. Moh Saïd Oubelaid fut assassiné le 13 mars 2000 dans de sombres circonstances à Azzeffoun. Néanmoins, son assassin a été arrêté et condamné par la justice. Il n'était autre que celui même qui l'a convaincu à s'installer à Azzeffoun, vingt jours auparavant, en lui fracassant le crâne au lieu dit Sidi Koriche. Pour le président de l'association organisatrice, en collaboration avec la direction de la culture de Tizi-Ouzou, Ramdane Abderahmane : « c'est la première fois qu'on organise une telle festivité en hommage à l'artiste. En ce premier jour, nous avons concocté une exposition et une conférence animée par Abdenour Abdeslam et par des proches de l'artiste, notamment son fils Belkacem et sa fille Nacera ainsi que l'artiste Mohamed Chemoune ». Hier, dans son village natal de Bounouh, dans la daïra de Boghni, une gerbe de fleurs a été déposée sur la tombe du regretté Moh Saïd Oubelaid. Dans l'après midi, un gala artistique a été organisé à la salle de spectacles de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Moh Said Oubelaid, de son vrai nom, Larbi Mohammed Said, est né le 19 février 1923 à Amalou dans la commune de Bounouh relevant de la daïra de Boghni dans la wilaya de Tizi-Ouzou. A l'âge de 15 ans, il travaille comme garçon de café à El Harrach, à Alger où il fera la rencontre d'un maître du châabi, Dahmane El Harrachi. Puis, à la fin de la guerre mondiale, l'enfant de Bounouh quitta l'Algérie pour la France où il s'occupe des activités politiques, puisqu'il était militant du PPA/MTLD. A cause de son militantisme, il sera arrêté en 1958 et passera deux années de détention à la prison de Fresnes puis transféré dans les maison d'arrêt d'Annaba et de Constantine. A l'indépendance, l'artiste se consacra à la chanson. « Da Moh », comme l'appelaient ses proches disait « je croyais qu'on allait enfin jouir de la liberté pour laquelle nous avons combattu, mais les trois années que j'ai passées à la RTA m'ont énormément déçu, l'Algérie s'acheminait vers l'obstruction ». Les dernières années de l'artiste furent très difficiles car partagées entre l'errance et la souffrance morale, ce qui lui a valu d'être lâchement assassiné le 13 mars 2000 dans la région d'Azzeffoun. K.T