Le feuilleton du FLN pourrait bien trouver son épilogue avec l'élection d'Abdelaziz Ziari à la tête du parti, pour succéder à Abdelaziz Belkhadem, éjecté après une crise qui aura duré plus de deux ans. Même si son nom n'avait pas circulé parmi les postulants à la succession, et même si d'autres personnalités du parti ont affiché clairement leur volonté de briguer le poste de secrétaire général, l'actuel ministre de la Santé est le mieux placé pour occuper ce poste et il est le moins controversé parmi tous les noms qui ont circulé jusque-là. Ministre à plusieurs reprises, et surtout président de l'APN, Abdelaziz Ziari, dont le père avait pris part à la première Assemblée constituante, connaît bien la maison FLN, mais aussi les arcanes du pouvoir. Sa désignation, en 2007, à la tête de l'APN, en toute dernière minute, en remplacement de l'ancien ambassadeur d'Algérie au Mali, fut une surprise et lui a, surtout, permis de rentrer dans le cercle très restreint des personnalités influentes. Ce docteur en médecine, originaire du Constantinois, a été le médecin personnel de feu Rabah Bitat, un autre président de l'APN. Il a été parmi les ministres qui ont retiré leur confiance à Abdelaziz Belkhadem. Il avait tenté, à maintes reprises, de dissuader ce dernier de tourner le dos aux contestataires du parti, mais en vain. Tombé en disgrâce, au moment où toute la classe politique était persuadée que l'élection présidentielle de 2014 allait se jouer sans le président Bouteflika, Abdelaziz Ziari sera contraint de publier un communiqué dans lequel il renonçait à briguer un mandat législatif en 2012, lui qui devait conduire la liste du parti à Alger. Abdelaziz Ziari avait été sacrifié au profit de Larbi Ould Khelifa, l'actuel président de l'APN, qui avait dirigé, contre toute attente, la liste du FLN à Alger. Le tort de Ziari aurait été de rêver la voix haute que “le temps était venu pour que le pouvoir revienne à l'Est", pensant naïvement que le locataire du palais d'El-Mouradia n'allait pas être de la course en 2014. Une confession que ses adversaires auraient vite fait de rapporter au président Bouteflika. Officiellement, rien n'est encore décidé au sein de “l'appareil", appellation donnée au siège central du FLN, quant au successeur de Belkhadem, même si beaucoup de voix se sont exprimées en faveur de l'implication directe du président d'honneur du parti, Abdelaziz Bouteflika, afin qu'il désigne le futur secrétaire général du parti. Mais un cadre du parti a fait couler beaucoup d'encre : Amar Saâdani, lui aussi président, pour un temps, de l'APN. Se targuant du soutien (vrai ou supposé ?) de Saïd Bouteflika, le frère du président de la République, Amar Saâdani a exercé un forcing, y compris au sein des médias, en vue de faire passer sa candidature comme étant celle du pouvoir. Affirmant à qui voulait le croire qu'il “a eu le feu vert", Saâdani est même allé jusqu'à faire circuler une motion de soutien en sa faveur au sein du groupe parlementaire de son parti. Or, beaucoup de députés du FLN ont découvert, à leur grande surprise, leur nom sur cette fameuse motion qu'ils n'ont jamais signée. Pire encore, le mouvement de redressement, qui avait bataillé seul pendant plus de deux ans pour destituer Belkhadem, accusé d'avoir livré le parti aux forces de l'argent sale, est monté au créneau pour exiger de Saâdani de donner des explications sur les accusations de malversations dont il fait l'objet, au sujet du détournement de quelque 3 200 milliards de la Générale des concessions agricoles, avant de songer à briguer le poste de secrétaire général du parti. Saâdani avait surtout brillé par ses frasques lors de sa présidence de l'APN, poussant le président Bouteflika à reconnaître avoir commis une erreur en le nommant à ce poste aussi sensible de l'Etat algérien. Cet ancien pompiste chez Naftal et membre d'une troupe folklorique a fait une ascension fulgurante durant les premières années du règne du président Bouteflika, notamment grâce à son activisme au sein des comités de soutien au Président. Mais les casseroles qu'il traîne font tellement de bruit qu'il lui serait quasi impossible de diriger un parti comme le FLN, surtout après la difficile destitution de Belkhadem, justement à cause des forces de l'argent sale qu'il a imposé au sein du parti et à la tête des listes de candidatures du parti lors des législatives et des élections locales de l'an dernier. Au moment où le pays vit au rythme des scandales de corruption, la candidature de Saâdani passe mal au sein de son parti et des cercles influents au pouvoir. Le choix de Ziari pour diriger le FLN est directement lié à la présidentielle de 2014, dans la mesure où le parti demeure une redoutable machine électorale et qu'il serait plus qu'urgent que le parti retrouve sa stabilité et sa sérénité pour mener à bien les campagnes pour la révision constitutionnelle et pour l'élection présidentielle. À moins que le scénario d'un affaiblissement, pour ne pas dire une désintégration annoncée du parti, ne soit déjà programmé. Auquel cas Amar Saâdani serait l'homme idéal. A B