Le secrétaire général du FLN a fait assaut d'arguments juridiques pour expliquer l'impossibilité de tenir, sans son aval, un congrès “réunificateur”. “Ce qui se prépare et risque de se produire contre le parti du FLN dans les jours à venir revêt un caractère gravissime, l'objectif étant de soumettre le FLN au diktat et aux appétits de pouvoir du Président-candidat, à travers l'organisation d'un pseudo-congrès illégal supervisé par le Président en personne et qui sera ponctué par un véritable “putsch” contre la direction légitime du parti issue de la volonté souveraine du VIIIe congrès”. C'est en ces termes qu'Ali Benflis a dévoilé, jeudi, lors d'un point de presse à la kasma de Bourouba, le projet de Bouteflika d'imposer la tenue d'un congrès des “redresseurs” même en dehors de la légalité. “Le Président-candidat endosse l'entière responsabilité des conséquences qui résulteront de ce complot inédit dans les annales de la pratique politique de notre pays”, avertit le leader du FLN sous les applaudissements des militants, des élus et d'anciens ministres. Document à l'appui, Benflis a revêtu son maroquin de juriste afin d'expliquer l'impossibilité totale pour le mouvement de “redressement” de tenir, dans le cadre de la légalité, une quelconque rencontre, fût-ce une simple réunion ou un congrès sous les couleurs du FLN : “Que l'on se place dans la situation qui a prévalu après le VIIe congrès ou dans celle post-VIIIe congrès, le secrétaire général du parti (Ali Benflis ndlr) bénéficie donc du soutien ferme et sans équivoque du comité central (CC) dans ses deux composantes : l'actuelle et la précédente, avec une majorité qualifiée qui est supérieure à deux tiers si l'on se réfère au comité central issu du VIIe congrès, et de plus de trois quarts s'il s'agit du comité central du VIIIe congrès”. Le patron du FLN a précisé dans sa locution liminaire : “Les formulaires d'engagement dûment légalisés par les membres du comité central issus du VIIe congrès, au nombre de 164 sur un total de 243, ont été authentifiés par un huissier de justice”. Par cette démarche, les membres du CC dénient ainsi “à quiconque le droit de parler, de représenter, d'agir ou d'engager le parti du FLN en dehors de son secrétaire général élu par le CC du 20 décembre 2001”. Autrement dit, et selon les statuts du VIIe congrès, la prérogative de convoquer le congrès est du seul ressort exclusif du secrétaire général du parti, à son initiative personnelle ou à la demande des deux tiers du CC. “À la lumière de cette situation, il apparaît, dira Benflis de la manière la plus irréfutable qui soit, que la tentative d'organiser une réunion illégale, hors la loi et non identifiée politiquement en se servant abusivement des symboles du FLN, est nulle et non avenue et s'apparente à un coup de force et à une forme d'usurpation et de supercherie politique”. Permettre dès lors “à des “chargés de missions” usurpateurs de qualité, de tenir une réunion illégale au nom du FLN, relève de l'irresponsabilité, du non-droit et est indigne d'un pays comme l'Algérie”, soutiendra l'homme fort du FLN pour lequel “les membres du CC issu du VIIe congrès entendent prendre à témoin l'opinion publique sur l'obligation qui est faite aux structures concernées de l'Etat de s'en tenir à la loi et au strict respect de la justice”. “En plaçant la lutte sur le terrain du droit et de la légalité, nous entendons mettre à nu les agissements illégaux, autocratiques et despotiques du Président-candidat qui ne peut décidément concevoir la compétition électorale d'une manière saine et loyale”, a-t-il regretté. En riposte à ce coup de force en préparation, Benflis a tenu à alerter ses partisans et par-delà l'opinion : “J'adresse un appel aux militants et aux Algériens pour qu'ils fassent front contre cette agression et qu'ils expriment leur refus de ces agissements qui plongent l'Algérie dans les méandres du doute et de l'incertitude.” Evoquant, par ailleurs, la décision de la cour d'Alger du 30 décembre dernier, notifiée au parti mardi dernier, Benflis souligne son caractère non définitif. Il a en même temps annoncé l'introduction d'un appel devant le Conseil d'Etat. En attendant l'arrêt de cette instance, le parti n'est pas encore sous l'“emprise” du VIIe congrès. Sur ce même chapitre, il accusera “le ministre des Finances et celui des Postes et des Télécommunications, d'avoir ordonné le blocage des comptes courants postaux du parti (…) avant même que la décision judiciaire n'ait été notifiée par les voies légales”. N. M.