Plus sûr de lui que jamais, notre interlocuteur annonce des «victoires» éclatantes dès les prochains jours. Les choses, désormais, s'accélèrent dans le conflit opposant la direction issue du huitième congrès du FLN aux membres du «comité de redressement». Une de ses figures de proue et cheville ouvrière, Abdelhamid Si Afif, se montre plus confiant que jamais en «la victoire prochaine du mouvement». «Notre congrès du redressement et de la réunification aura lieu dans à peine quelques semaines. Personne n'en sera exclu. Benflis peut se présenter en tant que simple militant puisque les activités de son bureau sont gelées. Si le congrès décide de le soutenir, je serai le premier à applaudir.» En attendant, il souligne que «le congrès extraordinaire que se prépare à tenir Benflis n'aura pas lieu». Ce n'est pas tant à cause des hommes qui devaient venir en perturber le déroulement que parce que la justice vient de l'interdire officiellement et d'en instruire le ministre de l'Intérieur pour mettre en application cette décision. Si Afif, qui donne l'air de reprendre du poil de la bête depuis l'entrée en scène de la justice à qui il affirme «faire confiance», précise avoir «mobilisé pas moins de 10.000 personnes entre militants et cadres du FLN qui étaient prêts à venir manifester pacifiquement devant le siège du parti le jour de ces assises. J'ai donné ce matin (hier) les instructions pour stopper la machine». A notre question sur ses intentions d'empêcher la tenue du congrès par la force, notre interlocuteur est sorti de ses gonds pour dire: «Ce sont les autres qui nous ont agressés à quatre reprises. Nous avons compté 7 blessés. L'affaire est devant la justice.» A propos de justice, précisément, Si Afif a contesté les décisions prises en faveur de la restitution de la mouhafada de Mascara et la septième kasma d'Oran aux partisans de Benflis. «Nous avons interjeté appel et nous espérons bien avoir gain de cause.» Le mouvement de redressement, qui prétend ne faire que dans la dentelle, a quand même agressé des militants, y compris avec l'aide de chiens de combat, pour récupérer des sièges locaux, notamment à Blida, Mascara et Biskra. Concernant la préparation du congrès extraordinaire, Si Afif promet «la présence de tous. De nombreux ténors du mouvement et membres du comité central ont pris attache avec nous pour aller vers ce congrès du redressement depuis qu'ils ont compris que Benflis est en train de mettre à mal le premier parti du pays à des fins strictement personnelles.» Il nous annonce aussi que «la plupart des députés, exception faite d'une vingtaine, annonceront leur adhésion au mouvement dès la semaine prochaine». S'agissant des décisions prises par le FLN de se retirer du gouvernement, notre interlocuteur, tout en estimant que ce ne sont pas tous les ministres qui se sont retirés, ajoute que «ceci est un non-événement», de même que celui «lié à la menace de se retirer des assemblées locales». Explication: «Le FLN ne détient de majorité absolue que dans 200 communes sur les 1 541 que compte le pays. Parmi tous les élus du parti, beaucoup ont déjà rejoint le mouvement, alors qu'il existe beaucoup d'indécis. Ce retrait donc, sur les plans politique et arithmétique, ne revêtira aucune conséquence.» Et de conclure: «Plus les choses s'aggravent pour le compte de Benflis, plus ce dernier confirme son ignorance du terrain et de la composante tant de l'Algérie profonde que des militants de base de ce parti.» La coordination, en outre, a rendu publics ce jeudi trois communiqués dans lesquels de nouveaux appels ont été lancés pour la tenue d'un congrès du redressement et de la réunification nationaux.