Le mouvement de “redressement” a innové en matière d'exercice partisan en organisant un congrès en deux étapes. Le mouvement de “redressement” du FLN a finalement trouvé la parade pour tenir un congrès sans buter sur des écueils juridiques. Il organise ses assises en deux étapes. Il a procédé, le week-end dernier, à l'hôtel El-Aurassi, dans ce qu'il a appelé “congrès d'étape au congrès réunificateur”, à l'adoption de textes fondamentaux du Front (statuts, programme du parti et déclaration de politique générale) ainsi que d'une motion de soutien à la candidature de Abdelaziz Bouteflika à un second mandat (finalement le congrès n'a approuvé que des projets de textes). Il a programmé, en une deuxième phase qui se déroulera après l'élection présidentielle, le renouvellement des instances organiques (comité central, bureau politique et secrétaire général). Environ deux heures avant le coup de starter des travaux, Abdelaziz Belkhadem, coordinateur provisoire du mouvement, s'est prêté au jeu des questions des représentants de la presse nationale accrédités pour la couverture de la rencontre. Il a déclaré que la priorité de l'heure de son mouvement “n'est pas de remplacer une direction par une autre, mais de corriger la ligne politique du FLN”. Il a insisté sur le fait que la rencontre n'est ni une convention ni une conférence de cadres. “Dans une conférence de cadres, nous n'aurions pas pu débattre des questions organiques”, a-t-il expliqué avant de reconnaître que le mouvement qu'il pilote a “décidé d'organiser un congrès d'étape, car toutes les conditions n'étaient pas réunies”. M. Kara Seghir, chargé de la communication, a soutenu que des problèmes d'organisation ont empêché la tenue, dans les délais, du congrès réunificateur. Pour Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé de la coopération maghrébine, “l'enjeu n'est pas dans la dénomination de la rencontre, mais dans l'événement, qui représente un acquis pour le mouvement de “redressement”, et dans les décisions qui en découleront”. Il a souligné que les élections des instances ont été différées dans un souci d'éviter les exclusions. “Nous donnons du temps aux militants de nous rejoindre avant de procéder au renouvellement des structures du parti”, a soutenu Abdelkader Messahel. Des congressistes nous ont révélé qu'il aurait été très difficile, voire impossible, d'élire, dans l'immédiat, une nouvelle direction, sans exacerber les scissions dans les rangs des “redresseurs” (la contestation a battu son plein aux élections des délégués) et surtout aiguiser l'ambition de certaines figures de proue du mouvement d'accéder au poste de secrétaire général du parti. D'ailleurs, Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture, et Boudjemaâ Haïchour, ministre de la Jeunesse et des Sports, ont tenté d'imposer leurs hommes au congrès afin de se garantir une élection sans encombre à la tête du Front. Abdelaziz Belkhadem a déjoué le stratagème sans devoir gérer des affrontements violents au cours du congrès. Il s'agit également, pour lui, de ne pas compliquer davantage la situation kafkaïenne qui prévaut au FLN. Si les responsables du mouvement de “redressement” affirment que l'arrêt de la chambre administrative près la cour d'Alger, rendu le 30 décembre dernier, leur est favorable, ils sont, en revanche, loin de gagner pour autant la bataille juridique contre les instances dirigeantes du FLN, issues du VIIIe congrès. Un congrès d'étape ne serait alors qu'un subterfuge pour contourner les obstacles juridiques. Le mouvement n'est pas astreint, dans ce cas-là, à soumettre les décisions et résolutions découlant de ses assises à la validation du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et risquer ainsi un potentiel rejet. Il cache aussi son incapacité à fédérer la majorité des cadres et des militants autour de son projet de “congrès réunificateur”, qu'il a déjà reporté deux fois. Certaines indiscrétions révèlent que la tenue d'une conférence des cadres n'aurait pas donné au mouvement de “redressement” un cadre “politiquement adapté” pour rendre publique une motion de soutien à la candidature du chef de l'Etat. Le sens de la démarche est d'offrir à Abdelaziz Bouteflika l'onction d'un parti politique de l'envergure du FLN et non pas lui offrir un énième comité de soutien. S. H.