Erreurs médicales, négligences, prise en charge insuffisante. C'est toute la gestion du système de santé en Algérie qui est remise en question. Malgré les efforts qui sont concédés par l'Etat, en vue de redorer le blason du secteur de la santé et de rapprocher celle-ci du citoyen, des insuffisances persistent, empêchant l'Algérie de se doter d'une santé digne des aspirations des citoyens. Le budget de la santé 2012 avec 404,94 milliards de dinars vient juste après ceux de la Défense et de l'Intérieur. Si les budgets de la santé ont été conséquents, leur gestion et leur utilisation ont été faits d'une façon chaotique. Ce qui a provoqué des conflits sociaux, des disparités régionales et des erreurs fondamentales dans le fonctionnement des espaces publics de santé. Et surtout une perte de confiance de la part du citoyen dans le secteur de la santé publique. Tout le monde s'accorde à dire qu'en Algérie, ce n'est pas tant une question de moyens qui a poussé la santé à ce rang inacceptable, puisque le pays a engrangé presque mille milliards de dollars en une douzaine d'années grâce à la flambée des prix du baril. Ce n'est pas une question d'argent. Cette vertigineuse descente aux enfers est surtout due à la gabegie, à l'incompétence, à une gestion catastrophique des moyens, où n'importe qui s'improvise maître des lieux, au moment où les vraies compétences sont poussées à l'exil. Ce sont ainsi des cohortes d'universitaires algériens qui ont dû, souvent la mort dans l'âme, se résigner à l'exil. Leur nombre est effarant. Plus de 6 500 médecins d'origine algérienne font tourner les services de santé français, alors que bon nombre de praticiens sont attirés par le Canada. Autant de compétences formées avec l'argent de leur peuple, et que d'autres peuples cueillent sans débourser un centime. La panoplie des anomalies et des dysfonctionnements relevés par les médecins et les patients au sein des hôpitaux est connue de nos autorités. Ces dernières ont reconnu à maintes reprises les dangereuses insuffisances de notre système de soins. Dans ces trois derniers rapports, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh) a dressé également un tableau noir sur l'état des hôpitaux en Algérie. Des enquêtes menées à travers 85 établissements hospitaliers à travers plusieurs wilayas ont prouvé que l'accès aux soins est devenu très compliqué pour les Algériens. Le droit à la prise en charge sanitaire est ainsi bafoué par de graves carences caractérisant notre système de santé. Des carences qui ne devraient pas exister dans un pays aussi riche que l'Algérie. Déficit en médecins spécialistes et conditions lamentables de travail au niveau des hôpitaux, ces deux problématiques expliquent pour beaucoup l'état calamiteux de nos dispensaires. Aujourd'hui, l'urgence n'est pas seulement de revoir la gestion de nos hôpitaux. L'urgence est depuis longtemps de créer un nouveau système de santé. Lequel pourrait enfin nouer, à terme, des relations telles avec le citoyen que ce dernier n'aurait, justement, plus rien à en redouter.