Des carences dans les services d'urgence et des disparités entre le Nord et le Sud sont relevées. «Sans appel!», telle est la qualification, pour le moins mesurée, qu'on peut faire du constat rigoureux sur la gestion des hôpitaux, établi dans son rapport pour l'année 2009, par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), présidée par M.Farouk Ksentini. Une lecture des constations faites à l'issue d'une mission d'information dans 85 établissements hospitaliers, répartis à travers 12 wilayas, dont celle d'Alger, dévoile qu'il «n'existe aucune égalité des citoyens devant l'accès aux soins». Ceci est vérifiable, selon le rapport de cette visite, qui s'est déroulée entre avril et août 2008 et qui souligne que les «soins hautement spécialisés sont concentrés au nord du pays comme l'est également la ressource médicale spécialisée». Dans ce témoignage établi dans le cadre d'une étude relative aux «conditions de mise en oeuvre du droit à la santé dans les unités hospitalières relevant du secteur public», la Commission n'y va pas avec le dos de la cuillère. L'humanisation des conditions d'accueil est absente dans les services d'urgence, qui ont constitué le point focal de cette visite. Le rapport fait état d'un manque flagrant de matériel d'équipements techniques de diagnostic, de médicaments de première urgence, la déliquescence des moyens, un certain laisser-aller des résidents s'appuyant le plus souvent sur les internes qui, rappelle-t-on instamment, ne doivent «en aucun cas donner des prescriptions». Le rapport dénonce l'absence de comptes-rendus sur le déroulement de la permanence d'urgence, d'un mode de priorité des malades, des moyens de transfert des malades vers d'autres structures spécialisées....Il serait fastidieux de dresser un bilan précis de ces insuffisances qui minent ces ser-vices ignorés de nos hôpitaux. Le rapport se penche sur les conditions de travail des personnels médical et paramédical qui laissent à désirer. Parmi les anomalies recensées, on relève qu'aucune valorisation de la ressource humaine n'est entreprise. Les médecins spécialistes, les résidents et les internes exercent dans des conditions lamentables. Vétusté des chambres de garde, du mobilier (même pas de sièges pour les médecins), aucune valorisation du grade de professeur, aucune différence non plus au niveau de la tenue, ni de personnalisation par le port d'un badge. Un personnel médical portant une blouse d'un hôpital parisien, des infirmières en blouses d'une entreprise privée...Le déficit criant en personnel paramédical se répercute négativement sur le suivi et la prise en charge de l'hospitalisé. Il est impératif, voire «urgent», estime l'institution de Me Ksentini, que les pouvoirs publics mettent en place un système national de santé qui puisse répondre favorablement aux attentes de la population. Dans ses recommandations, la Commission a, notamment insisté sur l'état des services d'urgence qui devraient être pourvus en moyens humains et matériels pour faire face à leur mission. Ces structures manquent de fauteuils roulants, d'ambulances médicalisées pour le transfert des malades. Elles souffrent d'un manque de renouvellement de médicaments, d'un plateau technique ou tout au moins le compléter, de rénovation des laboratoires existant tout en évitant le manque de réactifs, assurer l'hygiène de ces services jour et nuit en y affectant des femmes de ménage ou des agents d'entretien. Outre les services d'urgence, moult autres points ont fait l'objet de recommandations. La Cncppdh a demandé aux pouvoirs publics de se pencher sur les aspects relatifs à une «revalorisation conséquente des salaires» et à la «consécration du mérite». S'agissant par exemple des établissements de santé mentale, la Commission a recommandé l'initiation d'une réglementation associant les ministères de l'Intérieur et de la Justice pour déterminer les conditions d'intervention afin d'arrêter ou conduire un malade mental vers un établissement spécialisé. Les autres recommandations émises sont relatives, notamment à l'accès aux soins sans discrimination, la consolidation du mécanisme d'accès aux médicaments et la prise en charge des déchets hospitaliers à risque infectieux. Parmi les recommandations particulières, on note celle relative à l'utilisation du matériel radioactif. La surveillance et la conformité du bon déroulement des appareils doivent être effectivement observées par le Commissariat à l'énergie atomique, estime la Commission. Une autre recommandation pertinente appelle à une adhérence et à une conformité effective à l'éthique de la politique de la santé. Or, souligne la Cncppdh, «aussi bien les hommes politiques que les cadres de l'Etat, se font généralement soigner à l'étranger par le biais de prises en charge» délivrées par la Caisse nationale des assurances sociales, (Cnas).